L'administration Trump refuse d'obéir à la justice, qui réclame des informations sur le sort d'un Salvadorien expulsé à tort

Plutôt que de remédier à son erreur, l'administration Trump fait l'autruche. Le ministère de la Justice américain a rejeté vendredi 11 avril la demande d'une juge fédérale, qui lui réclame des informations sur le sort d'un migrant que l'administration Trump a expulsé à tort vers le Salvador sur des arguments fallacieux, au motif que le délai imposé serait "impraticable".

Kilmar Abrego Garcia, habitant du Maryland et marié à une Américaine, a été arrêté le 12 mars par des agents de la police de l'immigration et expulsé le 15 mars vers une prison de haute sécurité au Salvador aux côtés de plus de 200 personnes, la plupart pour appartenance présumée au gang vénézuélien Tren de Aragua, déclaré organisation "terroriste" par Washington. L'administration Trump a ensuite reconnu en justice que son expulsion résultait d'une "erreur administrative", la victime vivant depuis 2019 sous statut protégé qui interdit tout renvoi vers son pays d'origine. Mais elle prétend qu'elle ne peut rien faire pour le ramener et qu'il ferait finalement partie d'un autre gang salvadorien, MS-13.

Sauf qu'aucune de ces appartenances à un quelconque gang criminel n'a été prouvée par le ministère de la Justice américain. La juge fédérale Paula Xinis avait exigé la semaine dernière de l'exécutif qu'il communique des informations "sur la localisation actuelle et le statut sous lequel est détenu M. Abrego Garcia" ainsi que les actions prises ou envisagées par l'exécutif pour "faciliter son retour" – ce que l'administration Trump n'a pas fait. La juge a donc maintenu ses exigences d'un compte rendu sur ces points, désormais "tous les jours jusqu'à nouvel ordre" à compter de samedi. Elle a également programmé une nouvelle audience pour le 15 avril.

"La vie et la sécurité d'un homme sont en jeu"

Saisie par l'administration Trump, la Cour suprême avait suspendu le 7 avril la décision de première instance, mais elle a donné raison à l'unanimité à la juge jeudi, en confirmant l'obligation faite à l'exécutif de "faciliter" le transfert de Kilmar Abrego Garcia du Salvador aux autorités américaines "et de garantir que sa situation soit traitée comme elle l'aurait été s'il n'avait pas été envoyé à tort au Salvador".

Les avocats de Kilmar Abrego Garcia, se sont indignés de "l'arrogance et de la cruauté" de l'administration Trump, l'accusant de "continuer à temporiser, embrouiller et bafouer des décisions de justice alors que la vie et la sécurité d'un homme sont en jeu". Le ministère de la Justice américain a rétorqué "ne pas être en mesure de fournir les informations demandées par le tribunal dans le délai impraticable qu'elle a fixé quelques heures après la décision de la Cour suprême". "Les affaires étrangères ne peuvent pas se traiter selon le calendrier judiciaire", a prétendu l'administration Trump.