L'administration Trump reconnaît avoir expulsé "par erreur" un Salvadorien qui se trouvait légalement aux Etats-Unis
Outre-atlantique la politique migratoire du président américain Donald Trump est sous le feu des critiques. Dans des documents judiciaires déposés lundi 31 mars, les avocats du pouvoir exécutif ont reconnu que l'expulsion d'un Savadorien résidant de manière légale aux Etats-Unis relevait d'une "erreur administrative". En mars, Kilmar Abrego Garcia avait été rapatrié à bord d'un vol qui transportait des centaines de personnes accusées d'être affiliées à la pègre, en direction d'une prison de ce pays d'Amérique centrale. Or, l'expulsion de cet homme vers son pays d'origine avait été interdite par la justice américaine en 2019, le tribunal estimant à l'époque qu'il y risquait des représailles de groupes mafieux.
Dans les documents mis à jour lundi, l'administration américaine ajoute cependant qu'elle n'a pas le pouvoir d'obtenir sa libération, puisque l'homme ne se trouve plus sur le territoire américain.
Pressée de s'expliquer mardi, la Maison Blanche a répondu que l'administration disposait de preuves non publiées montrant que Kilmar Abrego Garcia était "en fait un dirigeant du brutal gang MS-13", une organisation criminelle internationale originaire du Salvador. "Les médias ont décidé que les vraies victimes sont les gangsters que nous essayons d'expulser du pays", a abondé le vice-président américain, J.D. Vance, sur les réseaux sociaux, assurant également que le Salvadorien expulsé par erreur appartient à ce groupe créé à Los Angeles dans les années 80.
Des "innocents" expulsés avec les "gangsters"
Depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, l'administration américaine vise les immigrés sans papiers, les accusant d'être des criminels affiliés à des gangs de malfaiteurs. Mais des mouvements de défense des sans-papiers, des démocrates et même désormais des défenseurs du président républicain estiment que le coup de filet vise aussi des personnes sans lien avec le crime organisé.
Ainsi, la presse américaine s'est fait l'écho de cas similaires à celui de Kilmar Abrego Garcia, des avocats affirmant que leurs clients n'ont été ciblés qu'à cause de leurs tatouages, un signe souvent distinctif des mafias d'Amérique centrale.
L'animateur Joe Rogan, qui avait apporté son soutien sur son podcast très écouté à Donald Trump, s'est ainsi alarmé samedi de l'expulsion vers une prison salvadorienne d'un coiffeur vénézuélien homosexuel, identifié à tort comme le membre d'un gang et dont des avocats américains ont médiatisé l'histoire. "On ne peut qu'être effrayé de voir que des gens qui ne sont pas des criminels sont pris dans la nasse et expulsés vers des prisons au Salvador", a-t-il déclaré. "Expulsons les gangsters, tout le monde est d'accord. Mais ne laissons pas d'innocents coiffeurs gays embarquer avec les gangs", a-t-il plaidé.