"Superman" : James Gunn explore avec humour et sens du spectacle l'humanité d'un super-héros

C'est un super-héros revendiquant son appartenance à la communauté humaine que l'on côtoie dans le dernier Superman écrit, réalisé et coproduit par James Gunn qui dirige avec Peter Safran DC Studios. Le dernier volet des aventures du Kriptonien le plus populaire de la Terre débarque dans les salles françaises le 9 juillet. Après Christopher Reeves et récemment Henry Cavill (Man of Steel, 2013), l'Américain David Corenswet enfile, à son tour, la cape rouge de Superman et incarne Clark Kent, journaliste au Daily Planet où il travaille avec une prix Pulitzer, Lois Lane interprétée par Rachel Brosnahan. À elle, il a confié son cœur et ses indicibles secrets.

Trois siècles après l'arrivée des métahumains sur la Terre, mais surtout trois minutes après un rude combat avec Le Marteau de Boravie, créature née de la main de son mortel ennemi Lex Luthor, Superman est à terre, échoué dans la neige quand on le rencontre dans le long-métrage de Gunn. Il fait alors appel au meilleur ami de l'homme ou plutôt du super-héros désormais, un chien dangereusement affectueux baptisé Krypto.

Comme dans le Superman de 1978, le palais cristallin des origines de Superman surgit majestueusement dans un paysage glaciaire. La Forteresse de Solitude de Kal-El (son nom kryptonien), refuge du super-héros et expression de son lien avec Krypton, est remise au goût du jour et en avant par Gunn dans son film. Mais l'intrigue s'inspire sans ambages de la récente actualité géopolitique du monde et de l'évolution de ses mœurs sociotechnologiques.

Superman vient d'empêcher l'invasion du Jarhanpur par la Boravie, ce qui lui vaut les foudres de son dictateur et celles du Marteau de Boravie. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a indubitablement inspiré le réalisateur américain. Sa mise en scène est un clin d'œil permanent à cette nouvelle ère où l'information se manipule, notamment grâce à de surprenants "bots" qui valent vraiment ici le détour, et à l'omniprésence des réseaux sociaux. L'inséparable bimbo qui sert de compagne à Lex Luthor dans les aventures de Superman s'est transformée en 2025 en influenceuse.

Éloge de la gentillesse

Avec James Gunn, Superman retrouve une forme de candeur qu'il avait perdue dans Man of Steel. Si ses origines sont toujours source de tourments pour le dernier des Kryptoniens, son engagement auprès de ses hôtes terriens demeure inconditionnel même s'il est remis en cause à cause des manigances de Lex Luthor. Ce dernier a presque obtenu auprès des autorités de Metropolis le permis de tuer son ennemi intime. Fidèle à l'essence de ce méchant de la galerie DC Comics, le Luthor 2025 est à la pointe des technologies les plus novatrices, en l'occurrence les nanotechnologies. Il apparaît comme une sorte de poète gamer invétéré qui livre ses combats contre Superman d'une tour d'Ivoire tout en séquestrant ses ennemis ou en recevant ses alliés dans les univers de poche qu'il a créés. La métaphore sur les liens entre argent, politique et tech est imparable.

Gunn, qui est aussi le réalisateur de la trilogie Les Gardiens de la galaxie, a fait également de Superman un héros qui joue collectif notamment dans le cadre du Justice Gang où l'on retrouve Green Lantern ou Mister Terrific. De même, Metamorpho, alias Rex Mason dont l'aspect et le style sont d'une incroyable beauté, est de la partie.

La longue liste des membres de l'équipe des effets spéciaux et visuels confirme ce que l'on voit à l'écran. La production n'a pas lésiné sur les moyens pour faire des déplacements aériens de l'homme au costume rouge et bleu, souvent de périlleuses scènes de combat et de sauvetage, un feu d'artifice perpétuel. Toutes sortes de créatures peuplent le ciel de Metropolis et les univers parallèles dans lesquels se déplacent les protagonistes de la fiction.

Terrien d'adoption

Côté photo, Superman devient souvent un camaïeu des tons flamboyants du soleil rouge de Krypton. L'univers du super-héros est lumineux – la différence avec Man of Steel est assez nette – bien que chaotique, en lien avec le personnage altruiste, solaire et qui a fait de l'autodérision une seconde nature. À l'instar de tous les personnages qui sont du bon côté de la force. Gunn use à l'envi du comique de situation et des traits d'humour. L'apparition du chien Krypto dans la vie de Superman souligne la forte dimension émotionnelle de son projet qui donne naissance à un super-héros qui se veut rock and roll. La bande originale de David Fleming et John Murphy le soulignent en revisitant au passage le fameux thème de Superman.

S'il y avait un seul bémol concernant cet opus, ce serait peut-être le couple Lois/Superman qui apparaît un peu fade. Et quand les deux personnages sont réunis, il semble que l'on ait un peu forcé sur la coloration foncée de leurs cheveux. Hormis ces détails donc, et quand on est curieux du sort cinématographique de Superman, dont les premières aventures datent de 1978, la proposition de James Gunn mérite le détour. D'autant qu'elle semble entériner l'adoption plénière du dernier des Kryptoniens par les Terriens. L'enfant réfugié est, près de trente ans après son arrivée, définitivement l'un des nôtres.

L'affiche de "Superman". (WARNER BROS)
L'affiche de "Superman". (WARNER BROS)

La fiche

Genre : Action, SF
Cinéaste : James Gunn
Avec :  David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicholas Hoult, Nathan Fillion, Edi Cathegi
Pays : États-Unis
Durée : 2h10
Sortie : 9 juillet 2025
Distributeur : Warner Bros France

SynopsisSuperman se retrouve impliqué dans des conflits aux quatre coins de la planète et ses interventions en faveur de l'humanité commencent à susciter le doute. Percevant sa vulnérabilité, Lex Luthor, milliardaire de la tech et manipulateur de génie, en profite pour tenter de se débarrasser définitivement de Superman. Lois Lane, l'intrépide journaliste du Daily Planet, pourra-t-elle, avec le soutien des autres méta-humains de Metropolis et le fidèle compagnon à quatre pattes de Superman, empêcher Luthor de mener à bien son redoutable plan ?