L'avenir de TikTok toujours incertain, Donald Trump ouvert à un rachat par Elon Musk

Donald Trump a affirmé mardi 21 janvier qu'il était favorable à l'idée d'un rachat de TikTok par Elon Musk, si le patron de X, SpaceX, et Tesla voulait acheter le réseau social de l'entreprise chinoise ByteDance, de nouveau accessible aux États-Unis depuis lundi. Le 47ᵉ président américain tout juste investi avait signé un décret ordonnant à son gouvernement de suspendre pour 75 jours l'application de la loi interdisant le réseau social TikTok aux États-Unis.

Il a également suggéré depuis la Maison Blanche que l'entité qui rachèterait TikTok devrait "donner la moitié aux États-Unis" en échange d'une "licence".

Cette loi, votée par le Congrès en 2024 et entrée en vigueur dimanche, impose à ByteDance, la maison mère chinoise de la plateforme, de la vendre sous peine d'interdiction sur le territoire américain.

Elle a entraîné l'inaccessibilité au réseau social durant quelques heures ce week-end.

La loi prévoit de très lourdes amendes pour les fournisseurs d'internet et les boutiques d'application, jusqu'à 5 000 dollars par utilisateur pour ces dernières.

Ces sanctions seraient infligées par le ministère de la Justice, à qui Donald Trump a enjoint de ne pas intervenir durant deux mois et demi, le temps de "consulter (ses) conseillers", selon le texte du décret.

La mesure a suffi à rassurer Oracle, l'entreprise américaine qui héberge TikTok sur ses serveurs informatiques, mais pas Apple et Google qui ont retiré le réseau social de leurs plateformes de téléchargement d'applications mobiles dimanche.

TikTok et les autres applis de ByteDance ne sont pas disponibles dans le pays ou la région où vous vous trouvez", indique ainsi l'App Store d'Apple. Un lien renvoie vers une page d'explication, qui rappelle qu'Apple "est obligé de suivre les lois des juridictions dans lesquelles (le groupe) est présent".

Les 170 millions d'utilisateurs qui ont déjà TikTok aux États-Unis peuvent donc continuer à s'en servir, mais ils ne peuvent plus mettre à jour régulièrement la plateforme comme d'ordinaire.

 

Le patron de TikTok, Shou Zi Chew, lors de la cérémonie d'investiture du président Donald Trump au Capitole, à Washington, le 20 janvier 2025.
Le patron de TikTok, Shou Zi Chew, lors de la cérémonie d'investiture du président Donald Trump au Capitole, à Washington, le 20 janvier 2025. © Shawn Thew, Pool, AFP

Des "problèmes plus graves" dans le pays qu'un rachat de TikTok par la Chine

Donald Trump entend aussi utiliser ce délai pour évaluer les risques que posent TikTok et son actionnaire chinois en matière de sécurité et "déterminer si les mesures déjà prises par TikTok sont suffisantes".

Les élus américains avaient justifié le vote de la loi par la nécessité d'empêcher les autorités chinoises d'accéder aux données d'utilisateurs américains ou de manipuler l'opinion aux États-Unis.

Lors d'un événement ouvert à la presse à la Maison Blanche lors duquel il a signé ce décret ainsi que de nombreux autres, le nouveau chef d'Etat a relativisé les risques que pose le réseau social sur le plan de la sécurité nationale.

"Il y a tant de produits qui sont fabriqués en Chine et le seul dont ils se plaignent, c'est TikTok", a déclaré Donald Trump en référence aux élus du Congrès.

"Soyons honnêtes, nous avons des problèmes plus graves que de voir la Chine récupérer des informations sur de jeunes enfants", utilisateurs de TikTok, a-t-il ajouté.

Mardi, en réponse à la question d'un journaliste, il a dit qu'il serait "ouvert" à l'idée qu'Elon Musk acquiert la plateforme "s'il le veut".

L'homme le plus riche au monde a fait campagne pour le candidat républicain et s'est vu confier une mission consultative au gouvernement pour faire des économies.

La semaine dernière, l'agence Bloomberg avait publié un article indiquant que le gouvernement chinois serait ouvert à un rachat par Elon Musk, un scénario que TikTok avait qualifié de "pure fiction".

La cession ou les droits de douane

Plutôt que de trouver un acheteur, hypothèse à laquelle s'est toujours refusé ByteDance, le président a proposé, comme il l'avait fait dimanche, que le groupe chinois octroie aux États-Unis 50 % du capital de TikTok en contrepartie de la non-application de la loi.

Un écran affiche des informations sur TikTok à l'extérieur du bâtiment de Fox News à New York, le 19 janvier 2025
Un écran affiche des informations sur TikTok à l'extérieur du bâtiment de Fox News à New York, le 19 janvier 2025 © Kena Betancur / AFP

Le gouvernement pourrait ensuite attribuer cette participation à des intérêts privés américains, a déclaré le nouveau président.

"Il nous faudrait peut-être l'accord de la Chine, mais je suis sûr qu'elle le donnerait", a dit Donald Trump. "TikTok a une grosse valeur, mais s'ils ne l'approuvent pas, il n'en aurait plus."

Interrogée lundi lors d'un point de presse, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué qu'"en matière d'opérations et d'acquisitions, les entreprises devraient décider de façon indépendante, en accord avec les principes de marché".

Si la Chine refusait de donner son feu vert, "nous leur imposerions des droits de douane", a prévenu le président américain. L'ancien promoteur immobilier a radicalement changé sa position vis-à-vis de l'application aux plus de 170 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis.

En 2020, il avait pris un décret en tous points similaire à la loi votée quatre ans plus tard, décidé à forcer ByteDance à vendre.

Mais la justice, saisie par TikTok, avait suspendu l'application du texte, estimant exagérées les craintes concernant la sécurité nationale et voyant ce décret comme une entrave à la liberté d'expression.

"J'ai un faible pour TikTok que je n'avais pas au départ", a reconnu Donald Trump, "mais je suis allé sur TikTok (durant sa campagne) et j'ai ramené les jeunes".

Avec AFP