Mercosur, Gaza, Ukraine, guerre commerciale.. Emmanuel Macron reçoit le président brésilien Lula pour évoquer les grands sujets internationaux

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a débuté ce jeudi 5 juin une visite d’État en France, au cours de laquelle seront abordées les crises internationales, ainsi que l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, auquel Paris est fermement opposé. Il s'agit de la première visite d'État en France d'un président brésilien depuis 2012. Celle-ci intervient à quelques mois de la COP30 organisée par le Brésil en novembre prochain.

Le président français Emmanuel Macron a accueilli son homologue brésilien avec une cérémonie aux Invalides, au cours de laquelle ils ont passé les troupes en revue. Les deux dirigeants, qui entretiennent des relations chaleureuses malgré les différends, auront ensuite un déjeuner de travail, suivi d'un dîner d'État dans la soirée.

La visite de Luiz Inácio Lula da Silva, qui avait lui-même accueilli son homologue français en mars 2024, vise selon le président brésilien à «renforcer» les liens stratégiques entre les deux pays. Une douzaine d'accords de coopération dans les domaines de l'environnement, de la technologie, de la défense, de l'énergie et de la santé devraient être signés.

L’offensive israélienne qualifiée de «génocide»

Dans le contexte mondial mouvementé, marqué notamment par les surtaxes douanières imposées par le président américain Donald Trump, et par les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, «il est d'autant plus important de retrouver des convergences avec le Brésil, un grand État émergent» qui assure cette année la présidence tournante du bloc de pays émergents des Brics, a souligné l'Élysée.

La France compte notamment sur la mobilisation du Brésil, qui a reconnu l'État palestinien en 2010, pour peser sur l'issue de la conférence organisée par la France et l'Arabie saoudite à l'ONU mi-juin, visant à redonner un élan à une solution politique au conflit israélo-palestinien. «Il n'y aura pas de paix tant qu'on n'aura pas conscience que le peuple palestinien a droit à son État», a déclaré le président brésilien ce mardi, quelques heures avant son départ pour Paris. Il a qualifié l'offensive israélienne à Gaza de «génocide», comme il l'avait déjà fait à plusieurs reprises par le passé.

Concernant l'Ukraine, la France «compte présenter au président Lula l'état du dossier», avec «une partie agressée qui est prête à la paix, et une autre partie, l'agresseur, qui refuse toute proposition de paix ou de dialogue». Le Brésil continue d'entretenir de bonnes relations avec la Russie et Luiz Inácio Lula da Silva était à Moscou le 9 mai pour les commémorations de la victoire contre l'Allemagne nazie, où il a été reçu par le président russe Vladimir Poutine.

«Nouveau contexte international»

L'accord de libre-échange entre l'UE et des pays d'Amérique latine sera en toile de fond de la visite de Lula en France. Cet accord avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay doit permettre à l'UE d'exporter notamment plus de voitures, de machines et de spiritueux, en échange de l'entrée de viandes, sucre, riz, miel ou soja sud-américains. Paris s'oppose à cet accord «dans sa forme actuelle», contrairement à d'autres pays européens comme l'Allemagne ou l'Espagne.

À la veille du début de la visite du président brésilien, des députés français ont réuni ce mercredi plusieurs filières agricoles à l'Assemblée pour réaffirmer leur opposition à l'accord. Jean-François Guihard, président de l'interprofession du bétail et des viandes (Interbev), a notamment appelé Emmanuel Macron à être «extrêmement ferme» face au président brésilien «pour dire que cet accord n'est pas possible».

Mais en pleine guerre commerciale avec les États-Unis, «il y a un nouveau contexte international» qui devrait pousser en faveur de l'accord, selon la diplomatie brésilienne. Après sa visite à Paris, le président brésilien participera le 8 juin à un sommet économique à Monaco, puis sera à Nice le 9 juin avec le président Emmanuel Macron pour l'ouverture de la conférence de l'ONU sur les océans.