Vuelta 2025 : la formation Israël-Premier Tech, doit-elle continuer la course ?

Cela faisait des jours que cela couvait ! Depuis le retour en Espagne après un passage en Italie, les bords de route de la Vuelta débordent de drapeaux Palestiniens et de slogans demandant la création d’un État palestinien ainsi que le retrait d’Israël-Premier Tech, formation israélienne.

Lors de la 5e étape, l’équipe appartenant à Sylvan Adams, homme d’affaires et « ambassadeur autoproclamé d’Israël » s’est vue gênée par des manifestants sur la route lors du contre-la-montre par équipes. Mais c’est, le 3 septembre lors de la 11e étape, au Pays basque que les revendications ont pris une ampleur plus importante, au point que Kiko Garcia, le directeur technique de la course, a dû la neutraliser et ne pas déclarer de vainqueur. Bousculades et heurts avec la police ont contraint les organisateurs à raccourcir l’étape de 3 kilomètres.

La Vuelta, chambre d’écho des luttes pour le droit du peuple palestinien

Devait-on s’attendre à une telle situation en Espagne ? Oui, car depuis deux ans, les manifestations contre les bombardements israéliens à Gaza et donc contre la politique guerrière du Premier ministre Benjamin Netanyahu, sont fréquentes.

Le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a affiché jusqu’à ce jour un soutien indéfectible au peuple Palestinien. Depuis 2024 et la reconnaissance de l’État de Palestine par le gouvernement espagnol, Israël n’a d’ailleurs plus d’ambassadeur à Madrid.

De fait, la Vuelta est devenue la chambre d’écho de toutes les manifestations pro Palestine mettant sérieusement à mal l’organisateur du tour d’Espagne qui cherche une solution pour terminer son tour.

Pour certains coureurs et le gouvernement espagnol, une solution : la suspension

La première d’entre elles serait qu’Israël-Premier Tech se retire de la course. Nombre de coureurs sur les réseaux sociaux seraient favorables à un tel dénouement.

Ainsi le coureur ibérique Carlos Verona qui s’est exprimé sur Radio Marca : « Israël participe à cette course, le pays est impliqué dans un conflit politique assez important, et l’UCI doit gérer la situation. La meilleure chose à faire est de maintenir le sport le plus éloigné possible de la politique. Et tant que le conflit dure, ils ne devraient concourir sous aucun drapeau. »

Même son de cloche du gouvernement espagnol par l’entremise du ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares : « On ne peut pas continuer à avoir une relation normale avec Israël, comme si rien ne se passait. Comme nous avons fait avec la Russie, où toutes les équipes ont été expulsées – NDLR. En 2022, l’UCI a suspendu toutes les équipes, sélections et courses russes et bélarusses. La décision n’est pas celle du gouvernement, mais celle de l’UCI. » avant d’ajouter : « nous devons envoyer le message à Israël et à sa société que l’Europe et Israël ne peuvent avoir une relation que si les droits humains sont respectés, de la même manière que le message a été envoyé à la Russie. On ne peut pas continuer les compétitions sportives comme si de rien n’était. »

Le silence de l’instance mondiale du cyclisme

Or pour l’instant, à l’image d’autres fédérations sportives internationales ou européennes, l’Union cycliste internationale n’a pas pipé mot si ce n’est pour dénoncer ces manifestations. Un manque de position claire qui interpelle le directeur de la course : « On a pris contact avec l’Union cycliste internationale. On leur a dit avant même de venir en Espagne qu’on savait que la population était très impliquée dans la contestation. Jusqu’ici, il n’y a eu aucun changement. On espère que des décisions vont être prises rapidement, car le temps passe. »

En réponse l’UCI botte en touche se cachant derrière son petit doigt : « l’importance fondamentale de la neutralité politique des organisations sportives réunies au sein du Mouvement olympique, ainsi que le rôle unificateur et pacificateur du sport. Les grandes manifestations sportives internationales incarnent un esprit de rassemblement et de dialogue, au-delà des différences et des divisions. »

Voilà ce qui s’appelle ne pas prendre position et finalement permettre au patron de l’équipe israélienne et proche de longue date du premier ministre Benyamin Netanyahou, de rester droit dans ses bottes comme il l’a été après que son équipe ait été stoppée par des manifestants lors du contre-la-montre par équipes : « Ce ne sont pas des manifestants, ce sont des terroristes. », a-t-il déclaré sur la chaîne d’info i24NEWS.

« Nous avons besoin de voir notre instance dirigeante prendre des mesures concrètes »

De fait dans un communiqué, la formation israélienne a annoncé qu’elle ne se retirerait pas du Tour d’Espagne et ce même si l’on sent chez certains un mal-être grandissant à l’image du directeur sportif Oscar Guerrero : « C’est irresponsable de ma part d’exprimer mon opinion sur ce qui se passe à Gaza. J’ai ma propre façon de penser, mais ce n’est pas le moment. Je ne suis pas satisfait de ce que je vois, et de nombreuses personnes au sein de l’équipe ne sont pas satisfaites de ce qui se passe à Gaza. »

Ce mal-être, après avoir quitté l’équipe en 2023, le coureur italien Alessandro De Marchi l’avait exprimé dans The Observer en juillet dernier : « Je suis heureux et soulagé de ne plus courir pour Israël-Premier. J’aurais eu beaucoup de mal à être là-bas maintenant. Nous avons besoin de voir notre instance dirigeante prendre des mesures concrètes pour positionner le monde du cyclisme dans le bon sens et montrer sa conscience de ce qui se passe à Gaza. Nous devons montrer qu’en tant que monde du cyclisme, nous nous soucions des droits humains et des violations du droit international. »

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