Plus de 160 morts sous les bombes en moins de 48 heures, famine qui gagne du terrain… « Allez-vous agir pour empêcher un génocide à Gaza ? »
« Allez-vous agir, de façon décisive, pour empêcher un génocide à Gaza ? » Cette question, Tom Fletcher, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, l’a posé mardi aux membres du Conseil de sécurité, décrivant les conditions « inhumaines » imposées « sans la moindre gêne » par Israël. Depuis, les condamnations du blocus total de l’aide humanitaire qui depuis le 2 mars alimente la famine dans le territoire palestinien se sont multipliées – d’Emmanuel Macron sur TF1 à la présidente d’extrême droite du Conseil italien Giorgia Meloni – mais les actes se font toujours attendre.
Dès le lendemain, mercredi 14 mai, les bombardements israéliens ont tué au moins 80 personnes, dont 59 dans le nord du territoire palestinien, notamment dans le camp de Jabalia, selon le bilan publié par la Défense civile palestinienne. « Ceux qui ne meurent pas à cause d’un missile meurent de faim, et ceux qui ne meurent pas de faim meurent du manque de médicaments », témoigne, pour de l’AFP, Hassan Moqbel, qui a perdu des proches dans le bombardement. « Il n’y a pas assez de lits, pas de médicaments et aucun moyen de traitement », ajoute Mohammad Awad, urgentiste à l’hôpital indonésien près de Jabalia. « De nombreux blessés meurent faute de soins », poursuit-il décrivant des corps « gisant par terre, dans les couloirs de l’hôpital ».
Netanyahou met ses menaces à exécutions
Dans la foulée, l’armée israélienne appelait à évacuer un secteur de Gaza-ville (nord), annonçant une attaque « de forte intensité ». Et ce jeudi 15 mai, 82 nouvelles victimes ont été décomptées depuis le début de la journée, « après qu’Israël a pris pour cible plusieurs habitations dans le nord de la bande de Gaza », a déclaré à l’AFP son porte-parole, Mohammed al-Moughayir.
« Les négociations se poursuivront sous le feu, parallèlement aux préparatifs en vue d’une intensification des combats », avait martelé le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, en début de semaine alors que le Hamas annonçait la libération de l’otage israélo-américain Edan Alexander. La semaine précédente son gouvernement avait mis sur la table son « plan de conquête » de la bande de Gaza – raccord avec celui de Donald Trump pour contraindre à l’exil les Palestiniens – et s’était dit prêt à rompre le blocus sur l’aide humanitaire qu’à la seule condition de la maîtriser entièrement. L’usage de la faim comme arme de guerre a été dénoncé cette semaine par de multiples ONG (dont le Secours populaire français, Médecins du monde ou Oxfam) sans entraîner d’action concrète de la communauté internationale.
Dans ce contexte, une ONG, créée de toutes pièces et soutenue par les États-Unis, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), a fait savoir mercredi qu’elle entendait commencer à distribuer de l’aide d’ici la fin du mois de mai. Une annonce qui fait suite « à des discussions avec des responsables israéliens visant à permettre l’acheminement d’une aide transitoire à Gaza dans le cadre des mécanismes existants pendant que la construction des sites de distribution sécurisés de la GHF est achevée », a précisé la Fondation dans un communiqué.
Vendredi dernier, l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, avait levé un coin du voile sur cette nouvelle initiative humanitaire dont les contours restent flous disant que « les Israéliens vont être impliqués dans la fourniture de la sécurité militaire nécessaire, car c’est une zone de guerre, mais ils ne participeront ni à la distribution de la nourriture, ni même à son acheminement dans Gaza ».
Quant aux dernières déclarations de Donald Trump, elle laisse présager du pire. « J’ai des concepts pour Gaza qui je pense sont très bons, en faire une zone de liberté, que les États-Unis s’impliquent et en fasse juste une zone de liberté », a déclaré le président états-unien, jeudi 15 mai, lors de sa visite au Qatar. « Je pense que je serais fier que les États-Unis l’aient, la prennent, et en fassent une zone de liberté », a-t-il ajouté, en écho à ses déclarations de février sur sa volonté de « prendre le contrôle » du territoire et d’en faire « la Riviera du Moyen-Orient ».
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