Recommandations repoussées sur les transitions de genre pour les mineurs : une victoire du « lobby anti-trans », dénoncent les associations
« Les recommandations de la HAS (Haute autorité de santé, NDLR) n’ont rien de révolutionnaire, et ne sont qu’une étape », tempère rapidement Toutes des Femmes, association de lutte pour les droits des femmes et des personnes trans. Vendredi 18 juillet, l’HAS a publié ses recommandations pour la prise en charge des personnes trans adultes. « Il y a un consensus pour les majeurs, pas pour les mineurs », explique Lionel Collet, président de cette autorité scientifique indépendante.
La Haute autorité a été saisie en 2022 par le ministère de la Santé pour déterminer comment doit s’organiser la prise en charge des parcours de transition, un sujet sur lequel aucune recommandation sanitaire officielle n’avait jamais été donnée en France, rappel l’Agence France Presse (AFP).
Le combat continue
Dans ses recommandations, la HAS insiste sur le fait que la transidentité ne doit pas être considérée comme une maladie, et qu’il faut donc répondre à toute demande de transition, regrettant une offre de soins « très hétérogène » sur le territoire français.
« Le fil rouge de ces recommandations, c’est écouter, respecter et éclairer la décision », a notamment déclaré Claire Compagnon, présidente de la commission des recommandations de la HAS, appelant à ne pas voir le souhait de transition comme « un confort mais un enjeu vital », rapporte l’AFP.
L’autorité recommande notamment de répondre aux demandes de chirurgie, en donnant au patient une information exhaustive quant aux risques et au caractère irréversible de l’opération. Il n’est pas nécessaire, insiste-t-elle, de rendre un avis sur l’état psychiatrique du patient même si le médecin peut lui recommander un délai de réflexion.
Ces recommandations « actent simplement la dépsychiatrisation progressive des parcours de soins de ces dernières années, mettent en avant l’autodétermination et font entrer la transition dans le champ de la santé sexuelle et reproductive », estime Toutes des Femmes dans un communiqué.
« Le chemin de l’autodétermination complète est encore long », affirme l’association de lutte pour les droits des femmes et des personnes trans : « les combats pour démédicaliser l’accès aux technologies de base de maîtrise de nos corps, qu’il s’agisse d’IVG, de contraception, de PMA ou de transition, vont se poursuivre dans les prochaines années. »
« Dans sa formulation actuelle, le texte produit par la HAS ne contient aucune avancée notable en matière d’accès à la santé, et se contente de mettre pour partie les recommandations françaises à jour de l’état de la connaissance », appuie l’Espace Santé Trans (EST).
L’association dédiée à améliorer la santé et le bien-être des personnes transgenres en Île-de-France estime également que « des défis majeurs persistent concernant la santé des personnes transgenres, notamment l’accès aux filières d’hormones, l’accès réel aux opérations chirurgicales et aux spécialistes de santé, ainsi qu’à la médecine générale ».
Un « backlash des réacs anti sciences transphobes » ?
Un gros point noir subsiste dans les recommandations de l’autorité scientifique : elle ne répondra pas sur le volet des transitions des mineurs. « En l’absence de données suffisamment robustes et de consensus, la HAS fait le choix d’aborder séparément la question des moins de 18 ans », explique-t-elle dans un communiqué, annonçant que ce travail, probablement destiné à de nouveau prendre des années, commencera début 2026.
« La HAS est surtout lâche et ne veut pas risquer les Backlash des réacs anti sciences transphobes », fustige Lexie, militante à l’origine d’Aggressively Trans. « Le lobbying anti trans et les pressions constantes de groupes politiques font encore reculer nos droits », regrette l’influenceuse.
« Ces organisations ont multiplié les tribunes, les appels, les pétitions, en mettant les associations et médecins sous pression, en publiant les noms des membres du groupe de travail, les exposant ainsi aux intimidations et aux menaces », appui l’EST. Le sujet « a entraîné des réactions au-delà de ce que nous avons connu ces vingt dernières années », a admis Lionel Collet.
La HAS « manque de courage devant des pressions sociétales », regrette auprès de l’AFP Maryse Rizza, présidente de Grandir Trans qui regroupe quelque 1 300 familles souhaitant accompagner leur enfant dans leur transition. Pour elle, « l’absence de consensus c’est une excuse ».
« Les groupes d’influence anti-droit et anti-choix (…) militent pour une restriction de l’accès aux transitions des personnes mineures comme majeures », confirme également Toutes des Femmes. « Alors que les droits des mineur⋅es trans sont les plus attaqués », le travail à venir de l’HAS sur les mineurs trans « sera sans nul doute la nouvelle cible d’attaques politiques et de lobby anti-droit », prévient l’association qui promet sa « mobilisation constante ».
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