Entre lobbying forcené et méthodes scientifiques douteuses : comment la fondation FondaMental impose ses vues à la psychiatrie française
La promesse est sonnante et trébuchante. La généralisation des centres experts de la fondation FondaMental pourrait engendrer 18 milliards d’euros par an d’économies pour la Sécurité sociale. Elle est inscrite dans une proposition de loi déposée fin février 2025 au Sénat, « visant à intégrer les centres experts en santé mentale dans le Code de la santé publique ».
Son promoteur, le sénateur LR Alain Milon, n’est autre qu’un ancien administrateur (2011 à 2015) de la fondation. Or, selon des chercheurs et médecins qui ont publié une étude dirigée par François Gonon, neurobiologiste et directeur de recherche émérite au CNRS, le 28 mai dans Social Science & Medicine – Mental Health, le calcul de cette économie spectaculaire se base sur une donnée biaisée, relayée notamment par la directrice générale et porte-parole de la fondation, la professeure de psychiatrie Marion Leboyer, et son intense activité de plaidoyer auprès des médias et des politiques.
Les praticiens dénoncent une vision réductrice de la santé mentale
Créée en 2007 par le ministère français de la Recherche scientifique, « cette institution partait d’une bonne intention », estime Bruno Falissard, pédopsychiatre et signataire de l’étude qui épingle la fondation. « Même si je ne partage pas le projet, il s’agissait de faire progresser la recherche en psychiatrie en se basant sur les neurosciences », expose-t-il.
Cette discipline scientifique a explosé au début du XXe siècle avec pour postulat que les maladies mentales seront expliquées et soignées à partir des connaissances du cerveau. « Elles sont des maladies comme les autres. Trouver leur origine biologique permettrait à terme une meilleure prise...