21 janvier 1985 : Reagan réélu président des États-Unis, la révolution conservatrice à son firmament
Ronald Reagan n’a rien compris aux paroles du tube de l’année, mais cela ne lui a finalement pas porté préjudice. Le 6 novembre 1984, le président sortant rempile pour un second mandat, grâce à un véritable raz de marée électoral : 58,7 % des voix contre 40,56 % pour son concurrent démocrate Walter Mondale, 49 États remportés sur 50 et 525 grands électeurs sur 538. On n’avait pas vu cela depuis la réélection de Richard Nixon en 1972 et on ne l’a pas revu depuis. La révolution conservatrice dont l’ancien acteur de série B est le porte-drapeau se trouve à son firmament.
Le retour de la grandeur de l’Amérique (le slogan « Make America Great Again », repris en 2016 par Donald Trump, date de 1980) est proclamé. Chez les républicains, l’euphorie le dispute au sentiment de puissance. Au point de s’émerveiller d’un titre musical sorti la même année : « Born in the USA ». Cela claque comme un slogan de fierté nationaliste. Ronald Reagan n’a pas pu s’empêcher de céder à une tentative de récupération : « L’avenir de l’Amérique réside dans 1 000 rêves à l’intérieur de nos cœurs. Il repose dans le message d’espoir des chansons d’un homme que beaucoup de jeunes Américains admirent : Bruce Springsteen, l’enfant du New Jersey. Et vous aider à concrétiser ces rêves est mon travail. »
Il fallait vraiment ne jamais avoir écouté ou lu les paroles pour ne pas en saisir le sens : « Je me suis retrouvé dans une embrouille en ville, Ils m’ont mis un fusil dans les mains, M’ont envoyé dans un pays lointain, Pour aller tuer l’homme jaune. »
Alors le plus vieux président en exercice
Les conseillers « com » et le président n’avaient retenu que le titre-punchline résonnant comme un hymne et pas ce qu’il racontait : le désespoir, le rêve américain fané. De toute façon, tout ceci ne s’était pas frayé un chemin jusqu’aux urnes. Le reaganisme est triomphant. Même l’âge du capitaine, 73 ans, – alors le plus vieux président en exercice – et les rumeurs concernant la maladie d’Alzheimer n’avaient pas fait vaciller la courbe de soutien.