Guerre en Ukraine : à Kiev, la proposition d'une trêve d'un mois est accueillie avec des réserves et sans véritable unanimité

La réunion des pays alliés de l'Ukraine, dimanche 3 mars, était l'occasion pour les Européens d'apporter leur soutien à Volodymyr Zelensky, 48 heures à peine après sa spectaculaire altercation avec son homologue américain Donald Trump.

La multiplication des messages de soutiens de l'Europe est bienvenue à Kiev, ce qui contraste avec la scène de la Maison-Blanche de vendredi. Volodymyr Zelensky a été accueilli chaleureusement par le Premier ministre britannique Keir Starmer. L'accueil a été tout aussi chaleureux et solennel de la part du roi Charles III. Sans oublier, cette photo de famille des alliés européens et occidentaux rassemblés aux côtés du président ukrainien... Un front uni affiché, avec la promesse de maintenir l'aide militaire pour aider l'Ukraine, avec l'argent des actifs saisis à la Russie a précisé le Premier ministre britannique.

"Nous avons tous sous-estimé les Européens"

Keir Starmer est porteur, avec Emmanuel Macron, d'un plan pour arrêter les combats en Ukraine. Il s'agit d'une trêve d'un mois, "dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques" et il n'y aura pas d'envoi de troupes européennes sur le sol ukrainien dans l'immédiat, précise Emmanuel Macron dans les colonnes du Figaro.

Une trêve pour préparer des négociations avant une paix signée, Keir Starmer affirme que plusieurs pays participant à la réunion hier sont prêts à participer à une coalition de bonnes volontés pour défendre un futur accord de paix. Cette prise d'initiative franco-britannique et les engagements au réarmement du continent ont été bien accueillis à Kiev... Jusqu'à étonner Vadym Prystaiko, ancien ministre des Affaires étrangères ukrainien : "Nous avons tous sous-estimé les Européens. Les Européens ont démontré que nous avions tous tort. Il reste encore un peu de volonté politique en Europe. Et ils commencent à comprendre que, peut-être, ces idées françaises, selon lesquelles ils doivent prendre en charge leur propre sécurité parce que les États-Unis pourraient tout simplement se retirer, ne sont pas absurdes."

Dans leur ensemble, les Ukrainiens accueillent avec plus de réserves et sans véritable unanimité cette proposition franco-britannique de cessez-le-feu. Selon les responsables politiques que franceinfo a pu interroger lundi matin, si certains se réjouissent de cette initiative au nom de cette nécessité absolue de cesser la guerre, d'autres se méfient d'une demi-paix sans véritable garantie qui pourrait annoncer des concessions trop importantes pour l'Ukraine.

Un président soutenu par la population

Le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, Mike Waltz, a laissé entendre, dimanche, que le départ du président ukrainien pouvait être une solution pour "traiter avec nous, traiter avec les Russes à un moment et mettre fin à cette guerre". À Kiev, la grande majorité des Ukrainiens fait bloc autour de son président. L'épisode de vendredi et de ce week-end illustre le courage de Volodymyr Zelensky, mais les déclarations du conseiller à la sécurité nationale américain consacrent pour les Ukrainiens le renversement du narratif américain.

Le départ de Volodymyr Zelensky est une exigence russe depuis le début de la guerre et, vu de Kiev, la récente déclaration de Mike Waltz pousse la position de Vladimir Poutine. Seulement des voix commencent à émerger en coulisses certains responsables regrettent l'impétuosité de Zelensky qui aurait pu être évité en faisant le dos rond. À Kiev, chacun connaît l'importance des États-Unis et l'on craint dans les prochains jours une possible suspension de l'aide américaine.