REPORTAGE. "C'est l'extase" : à Washington, les partisans de Donald Trump galvanisés par le retour au pouvoir de leur président

La file d'attente s'étend le long de plusieurs rues aux premières heures du jour, lundi 20 janvier à Washington (Etats-Unis). Coincés pendant des heures derrière une longue série de barrières, des dizaines de milliers de personnes avancent dans le calme, malgré le froid perçant et ses températures négatives.

Ces partisans aux bonnets et casquettes "Make America Great Again" (Maga) sont venus de Floride, du Nouveau-Mexique, de Pologne même, dans l'espoir d'entrevoir leur champion : Donald Trump. Le Capital One Arena, immense salle omnisports située au cœur de Washington, a accueilli environ 20 000 personnes galvanisées par cette investiture, déplacée à l'intérieur en raison du froid. "Je souhaitais soutenir mon président et faire partie de l'Histoire", sourit Vicky, comptable retraitée de l'Arizona portant un bonnet aux couleurs de l'Amérique. Donald Trump, "je l'aime et je veux qu'il réussisse", poursuit-elle.  

En fin de matinée, les gradins du Capital One Arena se remplissent et les électeurs de Donald Trump, chauffés à blanc, commencent à animer les lieux. Des écrans géants, au cœur de l'enceinte, diffusent l'arrivée des invités dans la rotonde du Capitole. Le 47e président des Etats-Unis doit y prêter serment quelques minutes plus tard.

Un public euphorique 

Face à l'écran, la foule oscille entre acclamations et huées, selon la couleur politique des personnalités qui apparaissent. A travers l'imposante salle, les sifflets résonnent devant Joe Biden, Kamala Harris ou Barack Obama. "Enfermez-la !", lancent des trumpistes en voyant Hillary Clinton, comme ils l'avaient fait lors de la campagne présidentielle de 2016. Le patron de X, Elon Musk, ou Barron Trump, fils cadet de Donald Trump, sont au contraire chaleureusement salués. 

L'ambiance partisane, parfois revancharde, devient vite plus solennelle à l'heure des serments de la cérémonie d'investiture. Certains se joignent aux prières, main et casquette Maga sur le cœur. L'euphorie gagne vite les gradins quand le vice-président J.D. Vance prête serment, suivi du nouveau locataire de la Maison Blanche. De nombreux soutiens se dressent, certains le poing levé, clamant ensuite en chœur "USA ! USA ! USA !". 

"L'âge d'or de l'Amérique commence maintenant !", scande Donald Trump en introduction de son discours d'investiture. "Oui !", lui répond dans un éclat de rire Tanya Koller, une spectatrice arrivée de Floride. Très vite, le président populiste reprend ses diatribes xénophobes contre l'immigration, assure que "le déclin de l'Amérique est fini" et qu'il a été sauvé par le destin "pour une raison" en juillet, lors de la tentative d'assassinat le visant. Une nouvelle fois, ses soutiens se lèvent de leurs sièges pour l'acclamer.

Les applaudissements et cris d'allégresse s'intensifient encore quand Donald Trump liste ses premiers décrets – surtout lorsqu'il mentionne la frontière avec le Mexique, promet de "forer à tout va" ou martèle ses idées transphobes. Tanya Koller est en liesse. 

"C'est très important pour moi d'être ici, d'être témoin de ce moment. C'est très impressionnant. L'énergie qui règne dans cette salle m'a, à plusieurs reprises, submergé d'émotions."

Tanya Koller, soutien de Donald Trump

à franceinfo

Sa sœur Gidget Corn, paquet de popcorn sur les genoux, loue un discours d'investiture "incroyable, astronomique". "C'est très impressionnant d'être ici, c'est l'extase", poursuit l'Américaine aux cheveux courts, venue de Caroline du Nord.

A 61 ans, elle voit dans son président "un homme d'affaires, qui se préoccupe de la classe moyenne". Elle espère un coût de la vie plus bas lors de son mandat, et voir les taxes baisser ou disparaître sur ses prestations sociales – un engagement de Donald Trump. "J'ai beaucoup d'espoir, glisse à ses côtés Tanya Koller. Il va faire baisser le coût de la vie, arrêter les taxes (...). Je vais pouvoir épargner et voyager davantage." 

"Il va réussir très vite"

En ce début d'après-midi, une longue file se forme vers l'un des stands de nourriture de l'enceinte. Les partisans arrivés les premiers, portant souvent une casquette ou un vêtement à l'effigie de Donald Trump, repartent s'asseoir avec leurs portions de nuggets et de frites.

Mike Martin attend son tour sans rechigner. L'Américain du Mississippi a déjà patienté huit heures la veille dans un froid glacial, dans l'espoir d'entrer au "meeting de victoire" de Donald Trump. En vain. Peu importe la cérémonie manquée à l'extérieur, "l'expérience est géniale", glisse-t-il. Ce soutien raconte être un ancien agent des gardes-frontières, et appuie les promesses et fausses affirmations anti-migrants de son président. Il fustige aussi, comme Donald Trump, l'existence de mesures de diversité, d'équité et d'inclusion des minorités. 

"C'est formidable de le voir devenir de nouveau président. Je vais avoir l'esprit tranquille [avec lui]."

Mike Martin, partisan de Donald Trump

à franceinfo

Dans les gradins, des trumpistes enjoués commencent une ola à l'approche de la traditionnelle parade, organisée cette fois-ci dans l'enceinte du Capital One Arena. La foule hurle de joie en voyant arriver le nouveau président dans la salle, l'appelant à "se battre". Lui-même avait lancé "Fight ! Fight ! Fight !" à ses soutiens en Pennsylvanie, juste après avoir été blessé par balle à l'oreille. 

Dave, qui a fait le voyage depuis le Texas, suit avec ferveur la cérémonie. "Je suis incroyablement optimiste. Il va réussir très vite (…) Tout ce qu'il dit me remplit d'espoir !", avance l'Américain aux cheveux gris, survolté. Pour lui, la victoire de Donald Trump et sa résurrection politique sont comme "le retour du Jedi" de la saga Star Wars. A titre personnel, ce consultant dans les cryptomonnaies voit d'un très bon œil la nouvelle ère Trump. Le dirigeant populiste a promis de faire de son pays la "capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies". "Elles vont exploser au cours des quatre prochaines années", anticipe Dave, ravi de la perspective.

Vers la fin de l'après-midi, Donald Trump livre un dernier discours à ses partisans à l'issue de la parade. "On a gagné ! Le travail commence désormais." Une nouvelle fois, la foule applaudit ses paroles et les premiers décrets, signés devant ses fervents soutiens. Retrait de l'accord de Paris sur le climat, annulation de 78 décrets de l'administration Biden… Le nouveau président est acclamé à chaque signature. "On vous aime !", hurlent ceux qui l'ont élu, avant de clamer une nouvelle fois "USA ! USA ! USA !".