REPORTAGE. "Qu'il voit la destruction de ses propres yeux" : entre scepticisme et espoirs, Donald Trump est attendu de pied ferme par les sinistrés des incendies en Californie

Sur le gril. Pour son premier déplacement en tant que président des Etats-Unis, Donald Trump est attendu vendredi 24 janvier par la Caroline du Nord, touchée par un ouragan dévastateur à l'automne, avant de se rendre à Los Angeles, victime d'incendies meurtriers en début d'année. Comment va-t-il être accueilli dans une ville favorable aux démocrates après avoir par exemple traité le gouverneur californien d'"incompétent" ? Sur place, les habitants sont pour le moins dubitatifs. 

À Pacific Palisades, les camions des compagnies de gaz et d'électricité ont remplacé les engins des pompiers. Les routes sont dégagées, des affiches vertes sur les portails confirment quelles maisons ont été inspectées. Mais les résidents n'ont toujours pas le droit de rentrer chez eux, juste de passer récupérer des affaires sous escorte policière. 

"Qu'il aille se faire..."

Rick attend dans sa voiture le prochain départ, sur un parking, près de la plage. L'état de sa maison, toujours debout, l'intéresse plus que la venue de Donald Trump à Los Angeles. "Président qui ? Qu'il aille se faire foutre. C'est un bon à... Vaut mieux que je m'arrête là", grogne-t-il.

Pour David, dans une situation de crise, que Donald Trump ait traité le gouverneur californien d'"incompétent" ou qu'il dépeigne la Californie comme un "enfer libéral" ne compte pas vraiment. "On ne peut pas minimiser la portée symbolique de la visite du président des Etats-Unis, l'homme le plus puissant de la Nation, et le fait qu'il voie la destruction de ses propres yeux", estime-t-il.

Dans ce quartier, 71% des électeurs ont voté pour Kamala Harris en novembre. Tobias ne fait pas partie de la majorité visiblement. "Qu'il soit là immédiatement après son investiture alors qu'il a évidemment un programme très chargé, qu'il montre son visage, c'est spécial ! Je suis très excité par sa venue", lâche-t-il, souriant. Les attentes sont toutefois très importantes pour reconstruire ces quartiers entiers partis en fumée. Ils sont nombreux, comme Roger, à compter sur le magnat de l'immobilier devenu président : "J'espère sincèrement qu'il peut nous aider avec son expérience et son expertise".

"Par la grâce de Dieu, on s'en sortira !"

Vincent, dans son SUV, est encore plus enthousiaste : "On a beaucoup de chance que le président Trump ait été réélu. Il va remettre le pays en ordre. Je suis reconnaissant de sa venue. Et par la grâce de Dieu, on s'en sortira !"

Margaret, elle, a un peu plus les pieds sur Terre. Et aujourd'hui, elle ne sait pas si elle va rester dans son quartier détruit : elle ne veut pas vivre sur un chantier permanent. Or, Donald Trump ne va rien y changer. "Bon, il ne va pas non plus sortir un marteau ! Mais c'est bien de venir et reconnaître l'anxiété de ceux qui ont perdu leur maison...", reconnaît-elle.

Le niveau de la participation de Washington à la reconstruction n'est toutefois pas clair. Les conservateurs ont suggéré qu'ils conditionneraient l'aide fédérale à des changements de politiques locales.