« Torture blanche » : des détenus de Vendin-le-Vieil contestent leur transfert dans le quartier de haute sécurité devant le tribunal

À la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le quartier de haute sécurité réservé aux narcotrafiquants et mis en place fièrement par Gérald Darmanin, se remplit progressivement depuis la mi-juillet.

Un mois après son ouverture, on compte déjà une vingtaine de détenus ayant entamé une procédure contre leur affectation dans ce département, rapporte l’Agence-France-Presse (AFP). Ce lundi 25 août, deux d’entre eux sont représentés devant le tribunal administratif de Lille par Maître Delphine Boese, qui plaide en référé suspension lors de deux audiences prévues dans l’après-midi.

Par cette démarche d’urgence, l’avocate a déclaré à l’AFP contester les décisions de placement de ses clients au Quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO). « L’un est un condamné définitif engagé dans une démarche de réinsertion et l’autre ne répond pas aux critères », a-t-elle précisé.

À Lille, le tribunal accueillera deux autres audiences mardi 26 août. L’avocat Fabien Arakelian, qui défend l’un des détenus transféré le 21 juillet dans le QLCO, dénonce une décision allant à l’encontre de l’État de droit. « Mon client, présumé innocent, n’a pas encore eu de jugement et a fait preuve de bonne conduite dans son ancien établissement », poursuit-il.

88 personnes déjà incarcérées

Pour l’avocat, le profil du détenu en question ne répondrait pas au critère de dangerosité établi par le gouvernement. En effet, pour être enfermé dans une prison de haute sécurité, la personne doit démontrer « la capacité de commanditer des assassinats, de corrompre, de menacer, ou de diriger des trafics » depuis sa cellule.

Ce transfert « illégal » obéirait, selon le conseil, à une opération de communication politique de la part du garde des sceaux, Gérald Darmanin. Lors de l’inauguration très médiatisée de ce nouveau département, son instigateur avait affirmé vouloir y regrouper « les 200 plus gros narcotrafiquants dans des conditions de détention très strictes ».

Dans le cadre de sa « révolution pénale » prévue pour la rentrée et censée répondre à un prétendu « laxisme » judiciaire, 88 personnes, majoritairement en détention provisoire, ont rejoint ce quartier.

Des symptômes de « torture blanche »

Déplacés dans ce secteur aux allures de forteresse, entouré de murs de béton de plus de 10 mètres de haut, les détenus sont incarcérés dans des « conditions inhumaines », rapporte Me Arakelian. Réveil toutes les deux heures, fouilles intégrales et systématiques, absence de lumière naturelle… « On appelle cela de la torture blanche », alerte l’avocat, qui dénonce l’affaissement psychologique dont souffre son client.

En parallèle du recours contre le transfert du détenu devant le tribunal administratif lillois, l’avocat déclare également avoir saisi le juge des libertés et de la détention de Paris, afin de contester le traitement des personnes incarcérées à Vendin-le-Vieil.

Quelques tentatives ont été entreprises pour fermer cette unité sous haute surveillance. Fin juillet, l’avocat d’un détenu avait déposé plainte pour « abus d’autorité » à l’encontre de Gérald Darmanin, devant la Cour de justice de la République.

Le Conseil d’État, plus haute autorité administrative, a été saisi du même pas par l’association des avocats pénalistes, qui souhaitait obtenir l’annulation du décret autorisant ces quartiers. Cette procédure en référé suspension a été rejetée par l’instance suprême, qui attend de réaliser un examen sur le fond, selon l’AFP.

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