Guerre en Ukraine : le premier ministre britannique Keir Starmer se rend à Washington en quête de garanties
Après Emmanuel Macron, c’est au tour du premier ministre britannique Keir Starmer de tenter jeudi un exercice de haute voltige diplomatique face à Donald Trump.
Starmer veut demander au nouveau président américain des garanties de sécurité pour une paix durable en Ukraine, le tout sur fond d'intenses tractations diplomatiques en Europe.
Pendant ce temps, une personne a été tuée dans la nuit de mercredi de jeudi dans la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, lors d’une attaque de drones ukrainiens
Le Figaro fait le point sur la situation.
«Nous avons besoin d’un filet de sécurité américain»
«Je veux une paix durable, et je ne crois pas que cela soit possible s'il n'y a pas un mécanisme de dissuasion efficace face à Poutine. Le Royaume-Uni jouera son rôle avec d'autres mais nous avons besoin d'un filet de sécurité américain», a dit mercredi Keir Starmer à des journalistes, dans l'avion l'amenant à Washington. «Nous voulons tous la paix. La question est de s'assurer qu'il s'agira d'une paix durable», a insisté le dirigeant travailliste.
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L'autre sujet de tensions pour la fameuse «relation spéciale» entre Londres et Washington est l'offensive lancée par Donald Trump contre tous les partenaires commerciaux des États-Unis. Le président américain avait récemment qualifié le dirigeant britannique de «gars très sympa» . Keir Starmer arrive avec un gage de bonne volonté pour son interlocuteur, qui déplore régulièrement les dépenses militaires jugées trop faibles des Européens : il a indiqué mardi que le Royaume-Uni augmenterait son budget de défense de 2,3% à 2,5% du PIB d'ici 2027.
Des garanties militaires confiées aux Européens
Donald Trump a fait de Vladimir Poutine son interlocuteur privilégié en vue de mettre fin au conflit en Ukraine, déclenché par l'invasion russe du 24 février 2022. «L'Otan, on peut oublier ça», a-t-il déclaré mercredi, écartant une perspective d'entrée dans l'alliance réclamée de longue date par l'Ukraine, et qui serait synonyme de riposte automatique des États-Unis en cas de nouvelle agression russe. Quant aux garanties militaires à long terme, «nous allons demander à l'Europe de le faire», a lancé Donald Trump, concédant simplement que Washington allait «s'assurer que tout se passe bien». Il a signalé son soutien à l'envoi de troupes européennes de maintien de la paix une fois les hostilités finies, une proposition faite par Londres et Paris.
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Bien conscients que les États-Unis ne déploieront pas de soldats en Ukraine, de peur de déclencher une escalade potentiellement nucléaire avec la Russie, la France et le Royaume-Uni voudraient que Washington apporte une forme de garantie militaire de dernier recours, et un soutien sous forme de renseignements ou d’appui aérien par exemple.
Zelensky à Washington vendredi
Lundi, le président français était venu à Washington avec un message assez semblable à celui de Keir Starmer. Il a averti le président américain que Vladimir Poutine ne s'en tiendrait pas à un accord de paix en Ukraine sans un solide système de supervision et de sécurité, soutenu d'une manière ou d'une autre par les États-Unis. Reparti sans promesse ferme, Emmanuel Macron s'était ensuite entretenu avec Keir Starmer. Ce dernier va de son côté recevoir plusieurs chefs d'État de pays «alliés» ce week-end, dont Volodymyr Zelensky, pour des discussions sur l'Ukraine.
Signe que les tractations diplomatiques s'intensifient en Europe pour trouver une parade face à Donald Trump, le président français a aussi reçu dès mercredi le conservateur allemand Friedrich Merz, en voie de devenir chancelier après la victoire de son camp aux législatives dimanche. Donald Trump juge que les États-Unis en ont déjà fait bien assez pour l'Ukraine, et il a critiqué avec virulence le président ukrainien, en le qualifiant de «dictateur» - un terme qu'il se refuse à employer pour le président russe.
Un mort dans une attaque de drones ukrainiens en Russie
Une personne a été tuée dans la nuit de mercredi de jeudi dans la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, lors d’une attaque de drones ukrainiens, selon les autorités. «Un habitant local a été tué à la suite du lancement d’un engin explosif par un drone sur une voiture» dans la ville de Graïvoron, a écrit sur Telegram le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov.
Le ministère russe de la Défense a annoncé pour sa part avoir abattu dans la nuit au total 19 drones à travers le pays et au-dessus de la Crimée annexée, dont trois dans la région de Belgorod. Des frappes russes et ukrainiennes, de part et d’autre de la frontière, font régulièrement des morts et des blessés. Kiev a intensifié ses attaques aériennes contre les installations énergétiques et militaires russes ces derniers mois, une campagne décrite comme une réponse aux bombardements incessants de la Russie contre ses villes et son réseau énergétique depuis février 2022.