Guerre en Ukraine: «Je suis loin de crier victoire», affirme Emmanuel Macron tiraillé entre les doutes et les espoirs
Avant de reprendre son avion, après une journée passée à Washington pour négocier avec Donald Trump, Volodymyr Zelensky et ses partenaires européens, le chemin d’une paix en Ukraine, Emmanuel Macron semble tiraillé entre l’espoir et la prudence. Cette journée «marquera de manière certaine l’évolution de ce conflit», explique-t-il devant la résidence de l’ambassadeur de France. Dans le jardin, une réplique de la statue de la liberté a été enveloppée d’un drapeau ukrainien. Le conflit dure depuis trois ans et demi mais, en l’espace de quelques jours, l’agenda diplomatique s’est accéléré. «Je suis loin de crier victoire», dit-il aussi, dans une tonalité bien différente du triomphalisme et de l’optimisme affiché par Donald Trump au fil de ses rendez-vous.
Après avoir reçu le président ukrainien Volodymyr Zelensky puis une délégation de six leaders européens, Donald Trump s’est entretenu pendant 40 minutes avec le président russe Vladimir Poutine. Une rencontre russo-ukrainienne pourrait intervenir dans les prochains jours et un sommet trilatéral réunissant Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky et Donald Trump d’ici deux à trois semaines.
Passer la publicitéDes sanctions en cas d’échec
«J’ai les plus grands doutes sur la volonté de paix de Vladimir Poutine», tempère Emmanuel Macron. «Aussi longtemps qu’il pense qu’il pourra gagner [quelque chose] avec la guerre, il la fera», poursuit-il en réclamant, comme ses pairs européens mais contrairement à Donald Trump, un cessez-le-feu sur le terrain. «Le président Trump croit en sa capacité à obtenir un accord», souligne cependant le président français. Mais en cas d’échec, «il faudra augmenter les sanctions». À condition que les Américains suivent… La convergence affichée lundi entre les États-Unis et l’Europe demeure fragile.
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Malgré ses réserves, le président de la République a pris acte d’une évolution majeure : alors que Washington renvoyait la responsabilité de possibles «garanties de sécurité» pour l’Ukraine aux Européens, Donald Trump a assuré que son pays était désormais prêt à s’impliquer. Cette perspective est un préalable pour les Ukrainiens qui ne veulent pas engager des discussions avec Moscou sans assurance concrète d’être défendus en cas de nouvelle offensive. Mais au-delà de l’annonce, le niveau d’implication américain restait encore à définir, comme en a convenu le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte… La formule de garanties «sur le modèle de l’article 5» de l’Otan a laissé Emmanuel Macron dubitatif, laissant entrevoir des divergences entre Européens. L’idée est notamment portée par l’Italie. «Le sujet n’est pas juridique mais militaire», a-t-il dit.
«Une armée ukrainienne robuste»
«Nous allons commencer le travail», a souligné Emmanuel Macron en se félicitant d’avoir engagé le mécanisme avec la mise en place, en février avec le Royaume-Uni, de la «coalition des volontaires». «Nous [les Européens] sommes des fournisseurs de garanties de sécurité», a-t-il expliqué en évoquant des forces de réassurance dans les airs, sur les mers ou sur terre. Ces forces ne contrôleraient pas une ligne de front mais pourraient éviter des nouvelles intrusions. Dans la journée, le président américain Donald Trump s’est contenté de parler d’une «coordination» avec les Européens. Tout reste à préciser alors que la plupart des armées européennes sont incapables d’envisager un déploiement militaire sans soutien américain.
«La première garantie de sécurité, c’est d’abord une armée ukrainienne robuste qui puisse résister» face à la Russie, a poursuivi Emmanuel Macron. Cette armée «de plusieurs centaines de milliers d’hommes» et «sans limitation de nombre» devra être «équipée», a-t-il ajouté comme pour refuser par avance toute condition posée par la Russie. Il n’a pas non plus commenté démenti ou confirmé, l’information du Financial Times selon laquelle les Européens pourraient acheter pour 100 milliards de dollars de matériels militaires aux États-Unis au profit de l’Ukraine. Avec Donald Trump, chaque deal a un prix.