Emprisonnés seuls dans le noir, enchaînés et affamés… Des anciens otages du Hamas racontent leur captivité pendant près d'un an et demi
Il a passé 450 jours seul dans un tunnel avec ses geôliers. Omer Shem Tov, détenu durant 505 jours à Gaza, a perdu 17 kg, raconte son père, mardi 4 mars, au quotidien israélien Haaretz, dans un nouveau témoignage sur les conditions de captivité des otages enlevés par le Hamas lors de l'attaque du 7-Octobre. Trois autres Israéliens libérés en même temps qu'Omer Shem Tov, le 22 février, ont livré des détails sur leurs seize mois de détention. Ils décrivent les mêmes conditions extrêmement difficiles : plongés dans l'obscurité de tunnels étroits, privés de nourriture, enchaînés et parfois frappés par les gardes.
Omer Shem Tov, 22 ans, participait au festival de musique Nova, en bordure du territoire palestinien, où il a été enlevé par les combattants du Hamas avec une quarantaine d'autres personnes, tandis que 364 y étaient assassinées. Emmené à Gaza, cet informaticien a d'abord été emprisonné avec son ami Itay Regev. Mais après sa libération dans le cadre de l'accord de novembre 2023, Omer Shem Tov est resté seul. Ses parents ont décrit ses conditions de détention dans une interview au média i24. "Il était dans un tunnel, sans lumière, il avait juste une petite lampe électrique qu'il allumait quelques fois", rapporte sa mère, Shelly Shem Tov. Quant à la nourriture, elle était rationnée.
"Au début, il recevait deux pitas par jour. Puis, c'est passé à une pita, une demie... Vers la fin, on lui a donné un paquet de biscuits et il en mangeait un par jour. Il nous a dit que l'eau qu'il buvait était très salée."
Shelly Shem Tov, mère d'un ancien otage du Hamasdans une interview à la chaîne israélienne i24
Il a passé 50 jours dans un tunnel si étroit qu'il ne pouvait pas étendre les bras, et "si profond qu'Omer y était seul, sans garde, avec seulement un peu de nourriture et de l'eau saumâtre", précise son père, Malki Shem Tov, à Hareetz.
Le jeune homme a ensuite été transféré dans un tunnel un peu plus grand, et éclairé, dans lequel il est resté 400 jours, seul avec trois gardes. "Pour lui, c'était une transition très nette vers quelque chose d'autre. Et tout à coup, il semblait y avoir de la lumière", dit son père, racontant que son fils a mieux supporté cette nouvelle phase de captivité. En 16 mois, il "n'a pas du tout vu la lumière du jour", avait-il déjà déclaré au journal Times of Israel. Il a également eu les armes de ses gardes pointées sur lui lorsqu'ils craignaient une opération de sauvetage menée par l'armée israélienne. "Nous te tirerons une balle dans la tête", l'ont-ils menacé.
Frappé jusqu'à avoir les côtes brisées
Eliya Cohen, également libéré le 22 février, a, lui aussi, été détenu seul pendant une partie de sa captivité, rapporte la chaîne israélienne N12. Le média précise qu'il a été opéré, sans anesthésie, pour extraire des balles qui l'avaient blessé lors de son enlèvement. Le jeune homme de 27 ans a passé une grande partie de sa détention dans un tunnel avec trois autres otages, Or Levy et Eli Sharabi, tous deux récemment libérés, et Alon Ohel, encore détenu par le Hamas.
Ils avaient les mains et les pieds attachés et étaient maintenus dans l'obscurité, avec une lampe torche pour seule source de lumière. Des conditions décrites par Eli Sharabi après sa libération, lors d'une interview sur N12 diffusée le 1er mars.
"Pendant un an et quatre mois, j’ai eu les jambes entravées par des chaînes avec des verrous très, très lourds qui te rentrent dans la chair".
Eli Sharabi, ancien otage du Hamasà la chaîne israélienne N12
Eli Sharabi raconte avoir été frappé par ses gardes, au point d'avoir eu les côtes brisées, comme d'autres anciens otages qui avaient déjà fait état de violences physiques. Il évoque aussi les privations de nourriture, le petit bol de pâtes quotidien et "ce quart de pita que tu peux finir en trois bouchées". "Tu le manges pendant dix minutes, un quart d'heure, miette par miette, pour vraiment sentir que tu as mangé quelque chose."
"Engraissés" avant d'être libérés
Ces privations ont également marqué Omer Wenkert, également libéré le 22 février. Selon la radio publique israélienne Kan, l'Israélo-Argentin de 23 ans, lui aussi enlevé lors du festival Nova, a perdu 30 kg. Atteint d'une maladie chronique, la colite, il n'a pas eu accès à des médicaments durant sa captivité. Selon sa famille, il a raconté après sa libération qu'il avait été très violemment battu lors de sa capture le 7 octobre 2023.
Omer Wenkert était détenu dans le même tunnel que Tal Shoham, un Israélien de 40 ans qui a également la nationalité autrichienne et italienne. Après des mois de privation de nourriture, ils ont raconté que le Hamas les a "engraissés" peu avant leur libération, selon N12. Eliya Cohen a également dit qu'on leur avait ôté leurs chaînes quelques jours avant d'être relâchés.
Quelques jours après sa libération, Omer Shem Tov s'est envolé pour les Etats-Unis, avec sa mère et d'autres anciens otages du 7-Octobre, dans l'espoir de rencontrer Donald Trump. "Il n'a pas réfléchi à deux fois, explique son père à Haaretz. Il a immédiatement dit : 'Je ferai tout ce que j'ai à faire. Je sais ce qu'est la captivité, et je ferai tout pour ramener d'autres otages à la maison." Sur les 251 otages enlevés, 61 restent retenus à Gaza, parmi lesquels 35 sont morts selon l'armée israélienne.