"Cela ne peut plus continuer" : à la frontière de Gaza, des mères israéliennes se mobilisent pour mettre fin à la guerre

Malgré ses dissensions avec le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, le chef de l'armée israélienne a approuvé mercredi 13 août le nouveau plan des opérations militaires visant à prendre le contrôle de Gaza. À la lisière de l'enclave palestinienne, des femmes, mères de soldats pour certaines, ont installé un camp de protestation. "Les guerres se terminent quand les mères se lèvent", disent-elles.

Elles sont une trentaine, assises à l'ombre, dans une petite forêt où des tentes ont été dressées. Les ventilateurs tournent en continu grâce au groupe électrogène. Ravith a passé la nuit ici. Elle est maman de trois filles. "L'une d'elles a 18 ans, explique la mère de famille. Elle est censée entrer dans l'armée très bientôt."

Ravith est membre de l'association Les Mères au front. (VALERIE CROVA / RADIO FRANCE)
Ravith est membre de l'association Les Mères au front. (VALERIE CROVA / RADIO FRANCE)

Une association inspirée du mouvement des Quatre mères

Son association Les Mères au front s'inspire du mouvement des Quatre mères créé en 1997 pour réclamer le retrait de l'armée israélienne du sud du Liban où la guerre s'enlisait. Quatre femmes qui ont manifesté des mois durant dans le nord d'Israël, le long de la frontière libanaise. "Des soldats mouraient, ils étaient tués là-bas tous les jours, explique Ravith. Chaque jour, c'était comme une roulette russe au Liban. Elles sont restées dans le nord d'Israël. Il leur a fallu des années pour arrêter cela. Elles sont notre inspiration. Elles ont fait quelque chose d'incroyable, elles ont changé le monde pour nous. Nous espérons faire pareil et nous le ferons. Nous n'avons aucun doute."

"Aujourd'hui, nous faisons appel aux gens d'Israël et aux gens du monde entier, à l'humanité qui existe en vous pour nous aider à mettre fin à cette guerre", expliquait à l'époque Rachel Ben Dor, l'une des quatre mères. Le mouvement des Quatre mères aidera à retourner l'opinion publique israélienne et à faire plier le gouvernement d'Ehoud Barak. En 2000, l'armée israélienne quittait le sud du Liban après 22 ans d'occupation.

Ces mères de famille ont dressé un camp dans une petite forêt à la lisière de la frontière avec la bande de Gaza. (VALERIE CROVA / RADIO FRANCE)
Ces mères de famille ont dressé un camp dans une petite forêt à la lisière de la frontière avec la bande de Gaza. (VALERIE CROVA / RADIO FRANCE)

Cette autre maman d'un soldat actuellement à Gaza veut rester anonyme. Le nouveau plan de conquête de l'enclave palestinienne l'angoisse : "Bien sûr, ça m'inquiète encore plus... Cette guerre a perdu tout but depuis longtemps." Elle a participé, mardi, à une marche au plus près de Gaza qui se trouve à seulement cinq kilomètres. "Le fait de marcher jusqu'à la barrière de séparation, c'est ma façon en tant que mère et membre du groupe de dire que cette guerre ne peut plus continuer, et qu'elle doit s'arrêter pour plusieurs de raisons : nos soldats se font blesser pour rien, les otages sont de plus en plus en danger, les populations des deux côtés souffrent", explique-t-elle.

Toutes les guerres du monde se terminent par un accord. "Pourquoi attendre ?", s'interroge cette même maman dont un autre fils est rentré de Gaza atteint de troubles de stress post-traumatique.