TEMOIGNAGE. "Je ne pouvais plus être associé à cela" : un réserviste de l'armée israélienne explique son refus de combattre à Gaza

L'opération de contrôle de la ville de Gaza que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou veut lancer dans les prochaines semaines devra faire appel aux réservistes de l'armée de l'Etat hébreu. Ils sont 350 000 en Israël et depuis un an, ils sont plusieurs centaines à avoir exprimé leur refus de combattre au sein de l'armée tant qu'un accord pour la libération des derniers otages ne sera pas obtenu.

Miron porte une casquette rouge avec ce message explicite : "End this fucking war", "arrêtez cette putain de guerre" en français. Officier au sein de la brigade de Jérusalem, des réservistes de l'armée de terre, où il a servi pendant 320 jours, Miron a signé un papier officiel dans lequel il demandait à ne pas repartir. "Le caractère de cette guerre, la déshumanisation des gens de Gaza, j'ai eu le sentiment que je ne pouvais plus être associé à cela, confie-t-il. Il est possible que ce soit la décision la plus difficile que j'ai eu à prendre dans ma vie. Cela me fait encore mal, tous les jours."

Une guerre très meurtrière, sans objectif clair

Ne pas retourner se battre avec sa brigade lui a posé un vrai problème de conscience. "C'est un dilemme moral. Si tu es d'accord pour faire l'armée, alors se défiler, ce n'est pas moral. Laissez quelqu'un d'autre te défendre à mes yeux, c'est immoral."

Le manque d'objectif clair de cette guerre a eu raison de ses interrogations, tout comme les pertes humaines qui se sont accumulées. "J'ai eu l'occasion de rencontrer mes camarades de brigade, malheureusement souvent lors d'enterrements, raconte Miron. Lors de la dernière période avant que je refuse d'y retourner, la brigade a perdu huit hommes dont un de mes amis proches. Et depuis, un autre s'est suicidé."

A aucun moment ses camarades ne lui ont reproché de ne pas vouloir repartir à leurs côtés. Miron s'en est expliqué, ils ont respecté sa décision. La nouvelle opération militaire qui se prépare pour reprendre la totalité de Gaza, le réserviste la qualifie d'illégitime. Et il soutient même celles et ceux qui manifestent en faveur de la paix : "Toute personne qui dit qu'il faut arrêter la guerre et ramener les otages, je suis à ses côtés et je ferai entendre ma voix où que je me trouve."

Miron a signé la lettre dans laquelle 350 soldats israéliens ont à ce jour exprimé leur désaccord avec l'actuel Premier ministre Benyamin Nétanyahou qui veut poursuivre la guerre à Gaza.