EDITO. Droits de douane : un accord bien loin de l’Europe puissante dont rêve Emmanuel Macron

L’accord commercial entre les États-Unis et l'Union européenne annoncé dimanche par Donald Trump et Ursula von der Leyen n'en finit plus de susciter les critiques en France. Mercredi 30 juillet, c'est Emmanuel Macron qui a fini par le commenter.

Plus de 48 heures après le deal passé en Écosse qui prévoit 15% de droits de douane sur les produits européens qui seront importés par les États-Unis, le chef de l'État a choisi le huis clos du conseil des ministres mercredi, pour dire à son tour que ça ne lui convient pas. "L'Europe ne se vit pas encore suffisamment comme une puissance, dit-il. Pour être libres, il faut être craints. Nous n'avons pas été assez craints".

Le chef de l'État assure, comme ses ministres l'ont fait avant lui, que "nous n'en resterons pas là". Il faut encore finaliser les détails de cet accord et la France espère améliorer les choses. "C’est un combat de longue haleine, cet accord est une base", "on ne peut pas sur le long terme se satisfaire de ce déséquilibre" expliquent des conseillers de Bercy et de l'Élysée. Même si ce n'est pas la France qui a la main, mais bien la commission européenne, qui est compétente en matière de politique commerciale.

"L'Europe puissance", le cheval de bataille d'Emmanuel Macron

Pour une fois, toute la classe politique est alignée et c'est assez rare pour être souligné. Les critiques contre cet accord sont unanimes, avec des tonalités variées bien sûr, du "fiasco" dénoncé par Marine Le Pen, à Jean-Luc Mélenchon, qui dit que "tout a été cédé à Trump" sans oublier la "soumission" de l'Europe dénoncée par François Bayrou. Tous sont alignés pour dire que l'Europe s'est fait rouler, même Emmanuel Macron.

Que le RN ou LFI s'en prennent à l'Union européenne, c'est habituel, pour Emmanuel Macron c'est à contre-courant de son positionnement. La colonne vertébrale du macronisme, c'est la défense de l'Union européenne, avec une volonté maintes fois réaffirmée depuis son élection en 2017 d'en faire une "Europe puissance". Mais, face à Donald Trump, la dure réalité s'impose : les États-Unis n'ont aucun mal à tordre le bras du vieux continent.

C’est d'autant plus frustrant pour Emmanuel Macron que sur le papier cette commission européenne a à peu près tout pour lui convenir. Son parti, Renaissance, avait fait venir la présidente de la commission Ursula von der Leyen à sa rentrée à Bordeaux, à quelques mois des élections européennes et son ancien bras droit Stéphane Séjourné fait partie des vice-présidents exécutifs de la commission. Pourtant cette commission reste loin de l'Union européenne idéale dont rêve Emmanuel Macron.