Les Kenyanes embauchées comme employées de maison en Arabie saoudite endurent des conditions de travail « éprouvantes, abusives et discriminatoires », qui s’apparentent souvent « au travail forcé et à la traite des êtres humains », dénonce Amnesty International dans un nouveau rapport. Le document explique que les employeurs soumettent ces femmes dans des maisons privées à des formes extrêmes d’exploitation, souvent favorisées par le racisme, et que les employées de maison continuent d’être exclues du droit du travail.
S’appuyant sur les témoignages de plus de 70 femmes, l’ONG explique que ces dernières sont souvent trompées par des recruteurs au Kenya au sujet de la nature de leur travail. Une fois en Arabie saoudite, elles sont contraintes de travailler dans des conditions « brutales », régulièrement plus de 16 heures par jour, sans congé et sans même pouvoir quitter la maison de leur employeur, qui confisque même leur passeport et leur téléphone. « Elles ont enduré des conditions de vie épouvantables et des traitements inhumains, notamment des agressions sexuelles, verbales et physiques », dénonce Amnesty International.
Violences sexuelles, salaire misérable, racisme et emprisonnement
Leur salaire mensuel moyen s’élevait à 900 riyals saoudiens (213 euros), soit environ 0,45 euro de l’heure. Certains employeurs retardaient le versement des salaires, d’autres ne les ont pas payés du tout, révèle l’ONG. Malgré la charge de travail excessive et le salaire misérable, la majorité des femmes interrogées par Amnesty ont déclaré que leur employeur les privait de nourriture ou ne leur donnait que des restes, parfois avariés.
« Elle [mon employeuse] ne pensait pas que je pouvais me fatiguer. Je n’avais aucun moment pour me reposer… Je travaillais pour elle toute la journée et même la nuit, je continuais de travailler. J’avais l’impression d’être un âne, mais même les ânes se reposent », raconte Rashida*, ancienne employée de maison. « Je n’avais aucune liberté, une fois que vous êtes à l’intérieur, vous ne sortez plus. Vous n’allez pas dehors et vous ne voyez pas l’extérieur. J’avais l’impression d’être en prison », déclare de son côté Joy*.
Racisme et violences sexuelles
Insultées, humiliées, frappées, parfois agressées sexuellement et violées : les témoignages retranscrits dans le rapport d’Amnesty Internationale sont sidérants. « Il m’a violée et m’a même menacée pour que je ne dise rien à sa femme. Je me suis tue. C’était comme une routine quotidienne pour lui. J’ai essayé [de lui dire stop], mais les hommes sont très forts. Alors il a fini par me violer, cinq fois », raconte Judy, mère célibataire de deux enfants, venue en Arabie saoudite pour échapper à son mari violent.
De nombreuses femmes ont raconté que leurs employeurs les traitaient de noms très péjoratifs et racistes, tels que hayawana (animal), khaddama (servante) et sharmouta (prostituée), entre autres remarques sur leur couleur de peau et leur odeur corporelle. « En raison de ma peau foncée, ils me traitaient toujours d’animal noir. Les enfants venaient aussi me montrer du doigt et me rire au visage, me disant que j’étais un singe », raconte par exemple Niah*.
* Les prénoms ont été modifiés.
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