La nouvelle monstruosité de l’extrême droite allemande : l’AfD envoie des billets d’expulsion aux habitants d’origine étrangère

Les tracts ont la forme de billets d’avion figurant un aller simple vers leurs pays d’origine. À Karlsruhe, l’AfD (extrême droite) les a glissés dans les boîtes aux lettres d’habitants d’origine étrangère. Le titre de transport soigneusement imité est daté du 23 février, date de l’élection anticipée du Bundestag. Le parti veut ainsi signifier avec quels zèle et délation il entend mettre en œuvre rapidement et concrètement son programme xénophobe.

Sa co-cheffe de file et candidate à la chancellerie, Alice Weidel, avait passé la vitesse supérieure à Riesa en Saxe, le week-end dernier, lors de la grand-messe de mobilisation du parti dans l’ultime phase de la campagne. « S’il faut appeler cela re-migration, nous l’appellerons re-migration », a-t-elle lancé devant les militants.

Une déportation massive qui ne dit pas son nom

Le terme qualifie l’organisation administrative d’une expulsion de tous les étrangers, d’abord « en situation irrégulière » mais aussi « mal intégrés ». Soit plus explicitement une déportation massive visant tous les migrants. « Mon nom de famille était probablement déterminant pour cette action », a déploré un citoyen allemand d’origine turque sur les réseaux sociaux après avoir reçu ce tract.

Ce concept de re-migration, porté par le « théoricien » identitaire autrichien Martin Sellner, fut déjà au centre d’un terrible scandale outre-Rhin, il y a un peu plus d’un an. Des révélations transpiraient alors sur une réunion clandestine à Potsdam dont Sellner fut le principal conférencier.

Celle-ci avait eu lieu en présence de cadres de l’AfD, dont l’ex-bras droit de Weidel, de membres d’un groupe de dissidents droitiers de la CDU, parmi lesquels le propriétaire de la demeure cossue qui abrita le rendez-vous. Ce qui donnait à cette rencontre, envisageant la méthode à mettre en œuvre pour déporter rapidement le plus possible d’étrangers, une configuration encore plus glaçante, puisqu’elle se situait à quelques encablures d’une autre grande demeure bourgeoise des bords du Wannsee où fut élaborée « la solution finale » par le régime nazi.

À Karlsruhe, l’AfD se défend d’avoir ciblé les migrants et plaide sans rire une démarche de campagne fondée sur la « liberté d’expression ». Une partie de la presse allemande nuance. Le soutien offert à Alice Weidel par l’oligarque libertarien Elon Musk sur son réseau social X, est d’évidence passé par là. La section Die Linke de Karlsruhe a porté plainte, elle, contre l’AfD pour « menaces et incitation à la haine ».

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