REPORTAGE. "Ils ont besoin de tout ça à Gaza, mais c'est coincé ici" : dans l'entrepôt du Croissant-Rouge palestinien à Ramallah, la terrible attente pour l'aide humanitaire

Depuis plus de quatre mois, l'aide humanitaire ne peut plus entrer à Gaza. Israël a opéré un blocus total sur le territoire palestinien et mis en place son propre système de distribution d'aide, la très controversée GHF. Des scènes de tueries se sont très régulièrement déroulées sur les points de distribution. En attendant, des tonnes d'aide disponible sont bloquées à l'extérieur de Gaza, comme dans le principal entrepôt du Croissant-Rouge palestinien à Ramallah.

C'est un crève-cœur pour Ahmad Zied, directeur de l'entrepôt : "C'est très douloureux de se dire qu'ils ont besoin de tout ça à Gaza et que c'est coincé ici", confie-t-il. Les stocks sont saturés, béquilles et chaises roulantes débordent du rayonnage. "Nous avons ici de quoi monter un hôpital de campagne d'une capacité de 150 lits médicalisés. Il y a des générateurs... Tout le nécessaire pour l'hôpital", détaille-t-il.

Savon, dentifrice, shampoing...

Il fouille dans un carton, en extrait du savon, du dentifrice ou encore du shampooing... Autant de produits qui manquent cruellement à Gaza où les conditions d'hygiène sont déplorables et les maladies nombreuses. Un unique volontaire tirant un chariot brise un instant le silence de l'entrepôt désert. "La différence d'activité est énorme, là, c'est calme, mais quand on avait des cargaisons à envoyer à Gaza, c'était très animé. Ça n'a plus rien à voir...", reconnait-il.

Dans les étages, le centre opérationnel reçoit les appels d'urgence. "Dans cette salle, nous nous coordonnons avec le centre opérationnel dans Gaza, et nous suivons le développement des combats et l'escalade de violence depuis le début de la guerre. Nous fonctionnons 24h sur 24", explique Nebal Farsakh, porte-parole du Croissant-Rouge palestinien. Les différentes entités des pays voisins "sont tous prêts" à envoyer l'aide dans Gaza, assure-t-elle.

"Nos équipes ici sont prêtes, nous avons aussi de l'aide en provenance de Jordanie, ou à la frontière égyptienne."

Nebal Farsakh

à franceinfo

Elle dénonce l'entrée au compte-goutte de l'aide humanitaire, depuis fin mai, par le seul bien de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), mise en place par Israël et les Etats-Unis. "Le Croissant-Rouge palestinien est profondément inquiet de voir comme il est dangereux pour les civils d'accéder à de l'aide via ce système. Chaque jour, il y a des nouveaux tués ou blessés quand ils essaient d'accéder à l'aide", dénonce Nebal Farsakh. 

Au moins 800 Gazaouis ont été tués sur ces points de distribution depuis fin mai selon l'ONU. Le Croissant-Rouge palestinien et des dizaines d'autres ONG rejettent en bloc les méthodes de la GHF.