La maison

On a trop cité Jacques Chirac, jusqu’à essorer sa fameuse formule : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. » Elle est désormais fausse. Nous ne regardons notre maison que lorsqu’elle brûle – et c’est tout le problème. Il aura fallu une vague caniculaire précoce, dès la fin juin, et désormais de graves incendies dans le sud de la France pour que le dérèglement climatique se rappelle (de manière très relative) au bon souvenir médiatique.

Ah oui, le climat ! La chaleur fait fondre les dissonances cognitives. Les Français pauvres, eux, vivent le réchauffement de plein front. Ceux qui cuisent dans leurs appartements-bouilloires regardent circonspects le JT leur vanter les piscines qu’ils ne pourront se payer.

Canicule, d’accord, mais quelle prise de conscience ? Un débat sur la clim et une croisade contre l’éolien. Autant dire du vent. L’objectif de l’accord de Paris de limiter la hausse des températures à 1,5 degré est d’ores et déjà inatteignable. Notre maison brûle et on débat de la couleur du tuyau d’arrosage.

Pire, l’histoire retiendra qu’au moment même où les flammes paralysaient Marseille, où le Texas inondé comptait ses morts, où la sécheresse poussait les paysans indiens du Maharashtra au suicide, bref au moment où le réel les rattrape de manière matérielle, les députés français votaient la loi Duplomb.

En fait, la droite et l’extrême droite, intérêts économiques et électoraux bien compris. Ceux-là se réjouissent de la réautorisation de pesticides mortifères dans l’agriculture, au mépris de la santé et de la science, et des agriculteurs eux-mêmes, qu’il s’agirait de séduire en les empoisonnant.

Le lien entre la loi Duplomb et le réchauffement climatique a été peu discuté. Peu importe que l’acétamipride, un des insecticides réintroduits par la loi, nécessite de l’hydrogène, obtenu par extraction chimique d’énergies fossiles – méthane ou pétrole. Peu importe qu’il participe à la fragilisation des sols face aux aléas du climat. Il sera toujours temps de se réveiller à la prochaine canicule. Avant de replonger dans le bain rafraîchissant de l’amnésie organisée.

La Terre de nos batailles

La justice climatique, c’est notre bataille. Celle qui relie luttes environnementales et sociales pour contrer un système capitaliste faisant ventre de tout. Du vivant, de la planète, de notre humanité.

Il n’y a pas de fatalité.

  • Nous démasquons les manipulations des lobbies.
  • Nous battons en brèche les dénis climatiques mortifères.
  • Nous mettons en valeur les initiatives visant à réduire les inégalités environnementales et les fractures sociales.

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