Intrusion de drones en Pologne : pourquoi les enquêteurs restent prudents sur la responsabilité de la Russie

Et si ce n'était qu'un accident ? La Pologne a annoncé jeudi 11 septembre qu'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l'ONU se tiendra à sa demande après l'intrusion de drones présumés russes sur son territoire. Jugée délibérée par Varsovie et ses alliés mais récusée par Moscou, l'intrusion d'une vingtaine de drones venus du ciel ukrainien et du Bélarus a suscité une vive émotion dans le pays, qui réclame un renforcement sur son territoire des capacités militaires de l'UE et de l'Otan.

Du côté des experts militaires, l'enquête se poursuit. Or, ces spécialistes militaires, notamment du côté de l'OTAN, sont encore loin d'être unanimes sur la question, contrairement aux politiques occidentaux, qui assurent, en chœur, que cette vague de drones a bel et bien été intentionnellement lancée sur la Pologne. En clair : qu'il s'agit d'une attaque de la Russie. Mercredi, le chancelier allemand Friedrich Merz avait dénoncé une "action agressive" de la Russie, et le président français Emmanuel Macron a mis en garde Moscou contre une "fuite en avant".

Un brouillage ?

La plupart arguent du nombre d'engins employés - 19 - pour avancer qu'il ne peut s'agir d'une erreur de vol. La course de ces drones de type Gerbera est en effet en partie préprogrammée et il est difficile d'imaginer une vingtaine d'erreurs de plans de vol simultanées, surtout allant toutes dans le même sens, jusqu'en Pologne.

En revanche, il n'est pas impossible que ces drones aient été brouillés ou leur autodirecteur usurpé par des moyens de guerre électronique en passant au-dessus de l'Ukraine. Les Ukrainiens ont développé en effet des techniques très sophistiquées pour ce faire : 20% de leurs interceptions de drones sont réalisées par ces moyens de guerre électronique. Quand un engin se retrouve ainsi sans son plan de vol ou que celui-ci a été usurpé, il poursuit sa route... tout droit, jusqu'à épuisement de son carburant. Et c'est bien ce qu'on a retrouvé en Pologne : 16 drones Gerbera quasi intacts, la plupart en pleine nature, manifestement contraints à l'atterrissage forcé, sans doute faute de carburant. Une maison et une voiture ont été endommagées dans l'est du pays.

En attendant, Varsovie a annoncé la limitation du trafic aérien à sa frontière orientale, et ce jusqu'au début décembre. La zone de limitation s'étend en Pologne sur une zone de 26 à 46 kilomètres de profondeur, le long de la frontière avec le Bélarus et l'Ukraine. Le porte-parole a précisé que ces limitations s'étendent jusqu'à l'altitude de trois kilomètres et "ne concernent pas l'aviation civile" qui vole plus haut. Le survol de drones dans la zone concernée est interdit "jour et nuit".