Réarmement de l'Europe : les taux d'emprunt de l'Allemagne et de la France montent en flèche

Le Bund, le taux auquel Berlin emprunte pour rembourser sa dette sur une décennie, est au plus haut depuis la réunification de l'Allemagne en 1990. Il a atteint 2,8% sur 10 ans. Les marchés tiennent compte des dépenses colossales qui se profilent à l’horizon pour financer les projets de réarmement du continent. Le plan annoncé pour réarmer l'Europe, visant à mobiliser 800 milliards d'euros, a été validé par les 27 membres de l'UE. Et Ursula von der Leyen a appelé, mardi 11 mars, à lancer les investissements dès maintenant.

L'Allemagne est en tête des prévisions de dépenses, avec son plan de relance annoncé par le futur chancelier Friedrich Merz : 500 milliards d’euros et, surtout, la révision du fameux "frein à la dette" inscrit dans la Constitution. Le rigorisme allemand vole en éclat pour permettre d’augmenter les dépenses militaires et le marché obligataire s’emballe.

La France entraînée malgré elle

Comme le taux allemand sert de référence sur les marchés financiers, la France en subit l’effet collatéral. Le taux de l’obligation française, auquel Paris rembourse la dette nationale, est jeudi matin à 3,54% sur 10 ans, au plus haut. Selon la Banque de France, ce taux a augmenté de 40 points de base (0,4%) en l’espace d’une semaine. La France est entraînée dans le mouvement sans même avoir annoncé de plan de relance pour ce qui la concerne. Mais les investisseurs estiment que Paris et Berlin constituent le moteur économique de la zone euro et que l’un ne peut fonctionner sans l’autre.

Cette hausse de taux va s’appliquer aux 300 milliards d’euros que la France a prévu d’emprunter en 2025, qui s’ajouteront aux 3 000 milliards déjà inscrits au compteur de notre dette. D’évidence, cela complique la tâche du gouvernement Bayrou engagé dans le redressement des comptes publics. Un coup de poignard, en quelque sorte. Il va falloir naviguer encore plus serré en termes de dépenses, pour éviter aux citoyens français de devoir assumer encore plus la facture. Rappelons que le président de la République, Emmanuel Macron, a promis de ne pas augmenter les impôts.

Il va quand même falloir assumer l’effort de défense dont on parle beaucoup en ce moment, avec les dizaines de milliards d’euros à trouver pour renforcer notre arsenal militaire. D’évidence, cette flambée des taux arrive à un très mauvais moment. Et, cerise sur le gâteau, vendredi 14 mars, ce sera au tour de l’agence Fitch de rendre sa note sur la capacité de la France à rembourser sa dette. Jusqu’à présent, Fitch nous a laissés tranquilles. De Matignon au ministère de l’Économie, on croise les doigts.