VRAI OU FAUX. Comptes LinkedIn, offres d'emploi, entretien... Quand l'IA usurpe l'identité des recruteurs
Le réseau social professionnel LinkedIn, souvent présenté comme plus sécurisé qu'Instagram, X ou Facebook, fait face à une forte hausse des usurpations d'identité. Sur les six premiers mois de 2024, la plateforme a intercepté 86 millions de faux comptes. Un chiffre en hausse de 50% sur un an.
Grâce à l'IA générative comme Chat GPT, les escrocs ne se contentent plus de dupliquer des profils existants. Ils en créent, avec détails biographiques et anecdotes inventées. Autre phénomène grandissant sur LinkedIn : les fausses offres d'emploi destinées à piéger salariés et entreprises. Le secteur des technologies est le plus ciblé.
Des faux recruteurs basés en Corée du Nord
Le plus souvent, l'objectif des cybercriminels est de subtiliser les données de leurs victimes ou de l'argent, voire les deux à la fois. En février dernier, par exemple, des chercheurs de l'entreprise Eset, spécialisée dans la cybersécurité, ont repéré une série d'escroqueries liées à la Corée du Nord. Les escrocs avaient réussi à se faire passer pour des chasseurs de têtes cherchant à recruter des développeurs de logiciels. Les candidats avaient été soumis à une épreuve de codage informatique. Et ce qu'ils ignoraient, c'est qu'à l'intérieur du fichier envoyé pour ce test, se cachait un logiciel malveillant. Les cybercriminels ont ainsi pu extraire toutes les données de leurs victimes, et notamment les accès à des portefeuilles de cryptomonnaie.
Ces dernières années, plusieurs escroqueries au recrutement impliquant la Corée du Nord ont été révélées. Les États-Unis, la Russie, l'Espagne mais aussi la France ont été visés. D'après les experts en cybersécurité, l'objectif secondaire de ces escroqueries est très probablement de faire de l'espionnage industriel.
Éviter les détails biographiques
Existe-t-il un moyen pour se prémunir contre ce type d'escroquerie ? En tant que candidat, il faut éviter de donner trop d'informations personnelles sur son profil Linkedin. Par exemple : ne pas détailler les projets auxquels on a participé. D'après Benoît Grunemwald, porte-parole d'Eset France, ce sont autant d'éléments que les escrocs pourront utiliser. Soit pour usurper notre identité, soit pour nous envoyer des messages personnalisés. En tant que recruteur, Benoît Grunemwald conseille à ses entreprises clientes de demander aux candidats un extrait de leur casier judiciaire, "un document très difficile à imiter".