Bordeaux : troisième agression de surveillants en une semaine dans la prison de Gradignan
Trois surveillants de la prison de Bordeaux-Gradignan ont été blessés samedi lors d'une agression commise par un détenu, la troisième en moins d'une semaine dans cet établissement où la «surpopulation chronique» est régulièrement dénoncée, a appris l’AFP auprès de syndicats pénitentiaires. L'un des agents, blessé avec une arme blanche, a eu 17 points de sutures de l'oreille à la joue et 10 jours d'ITT. Les deux autres ont respectivement une entorse au genou et sept jours d'ITT et une entorse au poignet avec trois jours d'ITT, indique à l'AFP Hubert Gratraud, délégué FO à Gradignan.
«Ce matin, un individu placé en quartier d'isolement a demandé à aller en promenade. Les collègues lui ont passé les menottes et pendant qu'ils procédaient aux palpations de sécurité habituelles, il s'est retourné en blessant le premier agent à la joue avec un bout de verre», a détaillé le représentant syndical. Alors qu'ils tentaient de le maîtriser, les deux autres surveillants se sont fait une entorse au genou et au poignet. Les trois victimes vont déposer plainte au commissariat de police lundi, selon lui. «C'est un individu qui a un passif très important, très dangereux. La structure de Gradignan n'est pas adaptée pour accueillir ce genre d'individus», dénonce Ronan Roudaut, secrétaire local UFAP-Unsa à Bordeaux-Gradignan.
«Cela fait trois agressions dans la semaine, on ne va pas compter nos collègues tomber sur le terrain sans réagir. On joue avec la vie des gens», déplore-t-il, accusant la direction de ne pas donner aux surveillants les moyens de faire leur travail. Parmi les nombreuses demandes des syndicats, M. Gratraud insiste sur la nécessité d'avoir «un brigadier chef, en permanence avec les agents, pour gérer les quartiers d'isolement et disciplinaires». «On demande aussi de remplacer les tenues pare-coups, qui sont censées nous protéger mais qui sont dans un état obsolète», dit-il.
Lundi, deux surveillants avaient été frappés au visage par des détenus lors d'incidents séparés. Les syndicats dénoncent régulièrement la «surpopulation chronique» du centre pénitentiaire, malgré l'inauguration en mai d'un nouveau bâtiment flambant neuf. En 2022, un rapport de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté avait jugé les conditions à Bordeaux-Gradignan «particulièrement indignes», voire «inhumaines». Au 1er juillet, 893 détenus étaient écroués à Bordeaux-Gradignan pour une capacité de 539 places, soit une densité de 165,7%, selon le ministère de la Justice.