Paris-Alger : le président Tebboune joue l’apaisement et appelle à un dialogue direct avec son « alter ego » Emmanuel Macron

Depuis quelques mois, les relations franco-algériennes traversent une crise diplomatique. Le président Tebboune a tenté de jouer la carte de l’apaisement, samedi 22 mars, lors d’une interview accordée à des journalistes de médias publics, retransmise par la télévision algérienne. « Tous les problèmes doivent se régler avec le président français ou avec la personne qu’il délègue, à savoir le ministre des Affaires étrangères. »a t-il déclaré, allusion à l’activisme du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, sur ce dossier. Plusieurs communiqués de la présidence algérienne avaient attribué l’escalade actuelle à une « cabale de l’extrême droite française revancharde et haineuse ».

L’été dernier, la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a provoqué une crise diplomatique, entraînant le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Saïd Moussi, et l’annulation d’une visite de Tebboune prévue en septembre. Samedi, le président algérien a affirmé que les bonnes relations entre Paris et Rabat ne posaient pas de problème à Alger, mais il a toutefois mentionné les visites de Rachida Dati et de Gérard Larcher dans le Sahara occidental, en février dernier, les qualifiant de « violation du droit international puisque le dossier reste sous la responsabilité de l’ONU ».

Désescalade

Interrogé sur la question des Algériens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), un sujet instrumentalisé par Bruno Retailleau, Tebboune a cité le cas d’un ressortissant menacé d’expulsion pour avoir « dénoncé le génocide à Gaza ». Il a parlé d’une atteinte à la liberté d’expression et ironisé sur la déprogrammation d’un documentaire par France Télévisions sur l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française durant la guerre d’Algérie.

Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a menacé à plusieurs reprises l’Algérie d’une « riposte graduée », allant jusqu’à envisager une remise en question de l’accord fondateur de 1968 encadrant le statut des Algériens en France. Des déclarations qui alimentent davantage les tensions.

En revanche, le président algérien préconise une désescalade du conflit : « Nous sommes deux États indépendants, une puissance européenne et une puissance africaine, avec deux présidents qui travaillent ensemble, tout le reste ne nous concerne pas. Emmanuel Macron est mon alter ego, on a eu des moments de sirocco, des moments de froid, mais c’est avec lui que je travaille. » Et d’ajouter que, selon lui, « le dossier contentieux est créé de toutes pièces ».

Une façon de renvoyer Bruno Retailleau dans les cordes et de rappeler que le dialogue doit se faire par les voies diplomatiques usuelles. Reste à savoir si Emmanuel Macron sortira du silence afin d’apaiser les tensions.

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