Reprise de Vencorex par un groupe chinois : "On aurait pu sauver Vencorex, on n'a pas eu de soutien du gouvernement pour le faire", regrette une élue CGT

"Aujourd'hui, on aurait pu sauver Vencorex, on n'a pas eu de soutien du gouvernement pour le faire", a réagi jeudi 10 avril sur franceinfo Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex, alors que la reprise partielle de l'usine chimique en difficulté, située près de Grenoble, a été attribuée jeudi au groupe chinois Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem. Wanhua gardera une cinquantaine d'emplois sur 450, selon la décision du tribunal de commerce de Lyon. 

"Je vois qu'il n'y a que des paroles et qu'il n'y a pas d'acte", dénonce Séverine Dejoux. "Le gouvernement n'arrête pas de parler d'industrialisation et de souveraineté. Mais en fait, quand il s'agit de sauver une industrie qui est dans ce domaine, il n'y a pas d'acte derrière", déplore la représentante des salariés dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire.
 
Séverine Dejoux constate que le tribunal de commerce de Lyon "a tranché entre une offre du Chinois qui est très minimaliste en termes de sauvegarde d'emplois, mais qui était financée à date, et notre offre pour laquelle on demandait trois semaines pour finaliser le plan de financement". La solution proposée par les salariés était la création d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), bâti en moins de deux mois par deux salariés de la CGT. "C'est une grande déception", confie Séverine Dejoux. Elle déplore le manque de soutien du gouvernement, "aussi bien au moment de la demande de nationalisation que maintenant". Après le placement en redressement judiciaire de Vencorex en septembre, le Premier ministre François Bayrou avait refusé une nationalisation temporaire au motif que son activité n'était "pas viable"

Entre 5 000 et 6 000 emplois menacés

Séverine Dejoux s'inquiète maintenant pour les salariés qui ne seront pas repris par le groupe chinois. "Concrètement, c'est 30 salariés qui sont repris directement par le groupe Wanhua et 24 à qui on propose un poste. Donc ça veut dire que peut-être même pas 54 salariés resteront sur le site. Et pour le reste, les autres seront licenciés comme les 136 précédents qui ont été licenciés au mois de mars." 

L'élue CGT alerte également sur les menaces sur le bassin d'emploi de la région. Elle estime que "5 000 à 6 000 emplois" pourraient être supprimés après cette reprise. "On avait des sous-traitants qui étaient à l'année", détaille la représentante des salariés. "On a des entreprises qui vont fermer. Et puis c'est tous les emplois autour, c'est toute la vie locale qui va être touchée." Elle redoute donc "un effet domino" qu'elle "voit venir et qui sera effectif, malheureusement".