EN DIRECT - Guerre en Ukraine : Zelensky dénonce des «manipulations» de Poutine sur la proposition américaine de cessez-le-feu
«Vladimir Poutine, le maître du jeu»
Ce n’était pas le fruit du hasard si, à l’heure de la diplomatie, Vladimir Poutine avait revêtu mardi le treillis du combattant sur le front de Koursk. Loin du doux agneau n’aspirant qu’à la paix parfois décrit par Donald Trump, son message était celui d’un chef de guerre à portée de la victoire, comme en atteste la reconquête de Soudja. Ainsi, c’est avec magnanimité que le président russe a déclaré hier « soutenir entièrement, sur le principe », le « noble objectif » de son homologue américain proposant un arrêt des combats de trente jours en Ukraine.
Après le sauvetage de la relation entre Washington et Kiev, Vladimir Poutine devait effectuer une manœuvre délicate : redevenir le maître du jeu sans s’aliéner son nouvel ami américain. Quoi qu’il en dise, il pouvait difficilement refuser sans autre forme de procès une trêve qui n’engage pas à grand-chose, sinon à entamer des discussions sérieuses. En insistant sur les innombrables « complexités » de sa mise en œuvre, le Russe relativise les chances d’aboutir. Mais il reprend la main jusqu’au prochain round, relançant son dialogue bilatéral avec les Américains, tout en leur renvoyant la balle de la diplomatie.
Washington ne renouvelle pas une exemption de paiement pour le pétrole russe
Le gouvernement américain n’a pas renouvelé une autorisation permettant aux banques russes de continuer à utiliser les systèmes de paiement américains pour des opérations liées à des contrats déjà en cours dans l’industrie pétrolière russe, a confirmé jeudi le ministère de l’Économie à l’AFP. «Le Trésor des États-Unis confirme que la Licence générale 8L a expiré le 12 mars à 00H01», a déclaré à l’AFP une porte-parole du ministère.
Un peu plus tôt dans la journée, le secrétaire au Trésor Scott Bessent avait assuré sur la chaîne CNBC que son ministère était prêt à renforcer les sanctions visant la Russie. «Cela fait partie de la volonté du président Trump de créer les conditions nécessaires à des négociations réussies. Il est prêt à mettre une pression maximale sur les deux camps», a assuré M. Bessent.
Cette licence permettait aux banques russes, même visées par des sanctions, de continuer à passer par le système de paiement américain pour certaines catégories de transactions liées à l’énergie. Elle avait été accordée par le gouvernement de l’ancien président Joe Biden dans les derniers jours de sa présidence.
Vladimir Poutine s’entretient au téléphone avec le prince héritier saoudien
Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu au téléphone dans la nuit de jeudi à vendredi avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, pour évoquer notamment le règlement du conflit ukrainien, a annoncé le Kremlin dans un communiqué.
Cette conversation avec Mohammed ben Salmane a eu lieu peu après que M. Poutine a déclaré qu’il était «pour» un cessez-le-feu en Ukraine, proposé par les États-Unis à l’issue de discussions avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky en Arabie saoudite, mais que des «questions importantes» devaient être réglées avant toute trêve.
Selon le Kremlin, lors de cet entretien téléphonique avec le prince saoudien, M. Poutine «a donné une haute appréciation aux efforts de médiation de l’Arabie saoudite» qui a notamment accueilli le 18 février des pourparlers russo-américains.
Les pays du G7 cherchent à afficher une certaine unité
Les chefs de diplomatie du G7 poursuivent jeudi soir leurs discussions pour parvenir à parler d’une même voix sur l’Ukraine malgré une approche américaine devenue plus conciliante à l’égard de Moscou avec Donald Trump. Mélanie Joly, la ministre des Affaires étrangères du Canada, pays hôte du G7, doit tenir une conférence de presse vendredi à 8H30 (12H30 GMT) pour le dernier jour des discussions.
L’unité du groupe - Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Royaume-Uni et Japon - est fortement ébranlée par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui s’est rapproché de manière spectaculaire de Vladimir Poutine et mène une guerre commerciale avec ses proches alliés. Le porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères, Toshihiro Kitamura, a dit espérer que le G7 parvienne à une déclaration d’unité sur l’Ukraine. «Si nous ne le faisons pas, cela ne fera que profiter à des pays comme la Chine et la Russie», s’est inquiété M. Kitamura.
Selon une source diplomatique à l’AFP, «il reste du travail» pour s’accorder malgré les désaccords. «Tout le monde s’observe, chacun reste sur ses positions mais sans se montrer offensif», a décrit cette même source.
Volodymyr Zelensky dénonce les «manipulations» de Poutine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé jeudi les «propos manipulateurs» de son homologue russe Vladimir Poutine sur la proposition américaine de cessez-le-feu, l’accusant de vouloir «faire traîner les choses» afin de poursuivre la guerre.
«Nous avons tous entendu les paroles très prévisibles et très manipulatrices de Poutine en réponse à l’idée» de cette trêve, a déclaré M. Zelensky dans son adresse quotidienne diffusée sur les réseaux sociaux, appelant à accroître la pression sur Moscou. M. Poutine s’est dit jeudi favorable à un cessez-le-feu à condition que des «questions importantes» soient réglées.
«Des questions importantes» subsistent autour d’une trêve, selon Vladimir Poutine
Vladimir Poutine a souligné jeudi que des «questions importantes» devaient être réglées concernant la proposition des États-Unis d’une trêve en Ukraine, Donald Trump souhaitant de son côté qu’elle soit mise en œuvre sans délai. S’exprimant à la Maison Blanche, le président américain, tout en qualifiant de «très prometteurs» les derniers propos de son homologue russe, a averti que «ce serait un moment très décevant pour le monde» si la Russie rejetait ce plan d’une suspension pendant 30 jours des combats évoqué mardi après des pourparlers ukraino-américains en Arabie saoudite.
«J’aimerais le rencontrer ou parler avec lui», a-t-il ajouté à propos de Vladimir Poutine, «mais il faut régler la question (d’une trêve) rapidement», a poursuivi Donald Trump, dont l’émissaire spécial Steve Witkoff est justement arrivé jeudi à Moscou. «Nous sommes pour (un cessez-le-feu) mais il y a des nuances», a déclaré dans la journée le président russe au cours d’une conférence de presse au Kremlin, affirmant vouloir «en parler» avec les Américains et «peut-être appeler le président» Trump.
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Vladimir Poutine, dont l’armée s’est lancée à l’assaut de l’Ukraine il y a plus de trois ans, a toutefois souligné qu’il fallait répondre à des «questions importantes» avant l’entrée en vigueur d’une telle trêve. «Comment garantir qu’une telle situation (le conflit, NDLR) ne se reproduise pas? Comment le contrôle sera-t-il organisé?», s’est-il interrogé, disant craindre que l’Ukraine n’utilise cette pause pour recruter des soldats supplémentaires et recevoir de nouvelles armes occidentales. «Nous sommes d’accord avec les propositions visant à mettre fin aux hostilités mais nous partons du principe que cette trêve doit conduire à une paix durable et s’attaquer aux causes profondes de cette crise», a encore martelé M. Poutine.
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