L’Europe veut en finir avec le gaz russe d’ici fin 2027
La dépendance européenne au gaz russe reste importante. La part des importations dans l’Union est passée de 45% en 2021 à environ 19% aujourd’hui. L’Europe s’est efforcée de réduire ses approvisionnements par gazoducs et s’est tournée vers le gaz naturel liquéfié transporté par navire depuis les États-Unis. Ces derniers représentent aujourd’hui 45% de nos importations.
Plus de trois ans après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, veut rompre complètement les liens énergétiques avec la Russie. Elle propose trois étapes : interdire les nouveaux contrats avec le pays dirigé par Vladimir Poutine, mettre un terme aux contrats de court terme (contrats "spots") d’ici la fin de l’année, puis éteindre l’ensemble des importations de gaz depuis la Russie à horizon 2027. Il s’agit pour l’instant d’une proposition et le flou demeure sur l'aspect législatif.
Bruxelles promet des détails pour le mois de juin. Plusieurs fois reportée avant sa présentation mardi 6 mai au Parlement européen à Strasbourg, cette feuille de route doit maintenant être soumise aux États membres pour validation et application. L’un des grands enjeux, à terme, est la diversification des approvisionnements. L’idée du plan qui remonte à 2022 est aujourd’hui battue en brèche : il s’agissait d’augmenter les importations de GNL depuis les États-Unis mais les tensions commerciales apparues ces derniers mois avec Donald Trump brouillent les cartes.
L'union possible ?
Et encore faut-il que tous les États européens soient d’accord. Certains pays comme la Hongrie ne cachent pas leur proximité avec Moscou et ont une capacité de nuire à un éventuel accord commun. Et puis il y a un autre écueil : débrancher le gaz de Poutine pour se brancher sur celui de Trump pose problème, sur le plan politique comme environnemental car le gaz américain est très carboné.
Selon Adina Revol, ancienne porte-parole de la Commission européenne à Paris, auteure du livre Rompre avec la Russie, le réveil énergétique européen (Odile Jacob), le projet de la Commission européenne est faisable, même s’il demande du temps, en se basant notamment sur les ressources internes à l’UE (Roumanie, Norvège) et en finançant de nouveaux projets via la Banque européenne d’investissement. Mais cela demande l’unanimité européenne, ce qui est loin d'être gagné.