«La Nupes a choisi le double déshonneur», la «politique du pire» du RN... après le rejet de la loi immigration, Darmanin étrille les oppositions

Le ministre de l’Intérieur rend coup pour coup. Quelques heures après le rejet du projet de loi immigration lundi à l’Assemblée nationale, qui a adopté une motion en ce sens, Gérald Darmanin fustige la stratégie des oppositions. Lesquelles se sont liguées, à 270 voix, afin de faire échouer le gouvernement. Dans une interview à La Voix du Nord , publiée mardi soir, le ministre dénonce une «coalition des contraires». Première cible dans son viseur, la gauche. D’après lui, «la Nupes a choisi le double déshonneur». D’abord, «en liant une alliance objective avec le RN».

«Que plus jamais la NUPES, Monsieur Mélenchon ou les socialistes ne nous fassent une leçon de morale sur la compromission avec le Rassemblement National», raille le membre du gouvernement. La gauche, ensuite, porterait «le déshonneur du texte lui-même». «Au lieu d'appuyer des mesures telles que la régularisation des travailleurs sans papier dans les métiers en tension, elle a préféré les envoyer paître au profit d'un petit jeu politicien», dénonce-t-il. Alors que le projet de loi, bientôt étudié par la Commission mixte paritaire, est issu du Sénat, Gérald Darmanin déplore que la Nupes «l’oblige à renvoyer directement en CMP le texte déjà très dur».

Quant au RN, le locataire de la place Beauvau apparaît moins ferme dans le choix de ses mots, mais tout aussi grinçant dans sur le fond. Selon lui, «le RN ne vote pas, alors qu'il est d'accord. Tout simplement parce que plus il y a de problèmes, plus les gens votent pour eux», cingle Gérald Darmanin. Qui «regrette cette politique du pire». «Quand on apporte l'eau pour éteindre l'incendie, il bloque le camion de pompiers», affirme-t-il en filant la métaphore.

«À quoi sert le député ?»

Clé de voûte de la majorité à l’Assemblée nationale, la droite, elle, est davantage épargnée que les autres forces partisanes. Si le ministre de l’Intérieur trouve «blessant(es)» les «attaques ad hominen» d’Éric Ciotti, Gérald Darmanin continue de lui «tendre la main». «Comme à tous ceux qui veulent avancer dans le sens de l'intérêt général». Le ministre loue ainsi les 22 députés LR qui se sont abstenus ou ont voté contre la motion de rejet. Reprenant l’expression qu’il avait déjà utilisée au 20h de TF1 lundi soir, le ministre «espère que les autres (élus) quitteront la béquille du RN pour débattre avec le gouvernement.»

Quid dorénavant de la suite ? Si la CMP doit être convoquée sous peu, réunissant sept députés et sept sénateurs, Gérald Darmanin se montre à terme «toujours très défavorable à l’usage» d’un 49.3 à l’Assemblée nationale si le gouvernement ne trouvait pas d’accord avec la droite. «Sur le budget, on le comprend car l'État ne peut fonctionner sans. Mais là, c'est le principe même de l'Assemblée nationale que de débattre et d'amender, tonne-t-il. Chacun doit prendre ses responsabilités. Sinon, à quoi sert le député ?»