Polluants éternels : un tiers de nos aliments contaminés, peut-on encore manger sans s’empoisonner ?

C’est à se demander s’il est encore possible de manger sans s’empoisonner. L’ONG Générations Futures s’est penchée sur la présence des alkyls perfluorés et polyfluorés, souvent appelés PFAS, dans les aliments en Europe. Selon ses conclusions, publiées dans un rapport ce 19 juin, un tiers de nos aliments en contiennent. Ces « polluants éternels », ainsi surnommés du fait de leur persistance dans l’environnement, représentent des milliers de substances.

L’association a analysé les données de l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), et les résultats sont alarmants. 69 % des poissons, 55 % des abats, 55 % des mollusques, 39 % des œufs, 27 % des crustacés, 23 % des laits et 14 % des viandes contiennent au moins l’un des quatre PFAS aujourd’hui réglementés par l’Union européenne. Et la contamination ne s’arrête pas là, puisque sept autres PFAS que l’ONG qualifie de « dangereux » ont également été détectés.

« Un risque très important pour les consommateurs »

Un constat inquiétant, et pourtant parcellaire : « Les données sur les niveaux de PFAS dans les denrées restent dramatiquement insuffisantes », pointe Générations Futures. Et la réglementation européenne est elle aussi largement incomplète. Comme le souligne l’ONG, elle ne prévoit la surveillance que de trois de ces polluants, et quatre seulement ont vu la réglementation en limiter des seuils… pour certains aliments uniquement : la viande, le poisson, les crustacés et mollusques et les œufs.

« Les teneurs maximales autorisées font courir un risque très important pour les consommateurs de dépasser la dose hebdomadaire tolérable (DHT) établie en 2020 par l’EFSA. » Avec un exemple glaçant : un œuf qui contiendrait une de ces substances à hauteur de la limite réglementaire exposerait un enfant de 4 ans à 140 % de cette dose hebdomadaire tolérable.

« Préserver les intérêts économiques des filières »

La raison de cette protection insuffisante, pour Générations Futures, est à chercher du côté de la protection des industriels : « Ces limites ont été établies à des niveaux suffisamment hauts pour que très peu de produits soient retirés du marché et ainsi préserver les intérêts économiques des filières. »

D’autant que la France, mauvaise élève, restreint la surveillance aux quatre substances réglementées au niveau européen et uniquement pour les poissons, les abats et les viandes. L’Allemagne, elle, surveille les PFAS depuis 2006, sur la base d’échantillons robustes. Face à ce fléau, l’association recommande d’interdire les rejets industriels de PFAS, de réduire leur utilisation, ou encore de revoir les réglementations.

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