Aux États-Unis, des fonctionnaires suspendus après avoir critiqué l’administration Trump

Une trentaine d’employés de l’agence de réponse aux catastrophes naturelles (Fema), ont été placés en congé administratif forcé ce mardi 26 août, quelques heures seulement après avoir envoyé au Congrès une lettre ouverte critiquant la Maison-Blanche. Les signataires y alertaient sur un retour en arrière dangereux, estimant que la politique de Donald Trump pourrait ramener l’agence à l’ère pré-Katrina, l’ouragan de 2005 qui avait fait plus de 1800 morts et causé environ 161 milliards de dollars de dégâts, traumatisant durablement les États-Unis.

La veille de ces licenciements, 191 actuels et anciens employés de l’agence ont ainsi écrit une lettre intitulée «Katarina Declaration». Sur près de 200 signataires, seuls 36 ont accepté de rendre leur identité publique, redoutant des représailles. Sans surprise, selon le Washington Post, une trentaine d’employés ont reçu ce mardi des mails les informant de leur placement immédiat en congé administratif, «tout en continuant à être payé et à recevoir les avantages».

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Un «abandon du peuple américain»

Les employés de l’agence dénoncent notamment «la réduction des capacités de la Fema à effectuer ses missions» auprès des populations affectées. En effet, depuis 2025, près d’un tiers du personnel permanent de la Fema (environ 2000 employés) a quitté l’agence, dont plusieurs responsables réputés pour leur expertise en gestion de crise. Cette hémorragie est liée à des programmes de départs volontaires mais aussi à la politique de réduction de la fonction publique voulue par Donald Trump. Parallèlement, des milliards de dollars de subventions destinées à renforcer la résilience des communautés face aux catastrophes ont été supprimés. Enfin, toute dépense supérieure à 100.000 dollars doit désormais être validée directement par la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem. Cette nouvelle politique a retardé des centaines de contrats, compliquant la réponse aux inondations meurtrières du Texas en juillet.

«Notre engagement commun envers notre pays, nos serments d’office et notre mission d’aider les gens avant, pendant et après les catastrophes nous obligent à avertir le Congrès et le peuple américain des effets en cascade des décisions prises par l’administration actuelle», écrivent encore les employés. Ils ajoutent espérer que leur alerte permettra d’éviter «non seulement une nouvelle catastrophe nationale comme l’ouragan Katrina, mais aussi la dissolution effective de la Fema elle-même et l’abandon du peuple américain qu’un tel événement représenterait».

La lettre rappelle également que la loi post-Katrina de 2006 exigeait que les administrateurs de la Fema possèdent une expérience avérée en gestion des urgences, afin d’éviter les erreurs du passé. Or, l’actuel chef par intérim de l’agence, David Richardson, nommé par Donald Trump, a été accusé par ses propres employés d’ignorance inquiétante. Selon le Washington Post, il aurait confié en juin qu’il ne savait pas que les États-Unis connaissaient une «saison des ouragans», avant que l’agence ne tente de présenter ses propos comme une plaisanterie.

Une indépendance réclamée

Ainsi, les signataires exhortent le Congrès à protéger la Fema des pressions politiques et à en faire une agence indépendante de plein droit, directement rattachée au Cabinet présidentiel. Ils demandent également la mise en place d’un dispositif pour protéger les agents contre les «licenciements à motivation politique» et renforcer la surveillance parlementaire sur la gestion des fonds et missions de l’agence.

Mais l’avenir même de l’agence est incertain. En juin, Donald Trump avait déclaré qu’il souhaitait éliminer la Fema après la fin de la saison des ouragans et ramener les efforts de gestion des urgences «au niveau de l’État». Après les inondations du Texas, le ton s’est adouci : l’exécutif a désormais affirmé réformer l’agence plutôt que de l’éliminer.

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La Fema n’est pas la seule administration fédérale secouée par ce type de contestation. En juillet, 144 employés de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) avaient eux aussi été placés en congé administratif après avoir signé une lettre dénonçant la politisation de leur mission.