Guerre au Soudan : l’armée régulière reprend Khartoum, mais le conflit est loin d’être fini
Près de deux ans après le début de la guerre, le 15 avril 2023, un pas décisif a été franchi ce 26 mars avec la reprise par l’armée, qui soutient le gouvernement officiel du général Abdel Fattah Al Bourhane, de l’aéroport de la capitale, Khartoum.
Selon le chef de l’armée soudanaise, qui dirige de fait le pays et intervenait depuis le palais présidentiel repris le 21 mars : « C’est terminé, la ville est libérée. » Les Forces de soutien rapide (FSR), l’organisation paramilitaire dirigée par son rival et ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, ont quitté Khartoum en s’enfuyant vers le sud de la ville, puis l’ouest du pays, qui demeure sous leur contrôle.
28 000 morts depuis le début de la guerre
Selon l’armée, quelques unités du FSR sont toutefois restées dans le faubourg de Djebel Awliya, dernier bastion dans la région de Khartoum, encerclé par les militaires. Les FSR, groupe composé d’anciens miliciens de la guerre du Darfour, dans les années 2000, occupaient une grande partie de la capitale, notamment le palais présidentiel et l’aéroport, depuis le début du conflit.
C’est au prix de milliers de morts, y compris civils, que les combats se mènent. Lundi, dans l’ouest du pays, un bombardement sur un marché dans la ville de Tora, dans le Darfour du Nord, a causé un carnage : près de 270 morts selon des témoins, même si ce chiffre n’a pu être confirmé.
Depuis le déclenchement de la guerre, plus de 28 000 civils ont été tués et près de 12 millions de Soudanais ont dû fuir les zones de combat. Un nombre important d’entre eux, environ un million selon la Croix-Rouge, ont trouvé refuge au Tchad voisin, dans des camps disséminés tout au long de la frontière entre les deux pays, notamment autour de la ville d’Adré. Côté soudanais, il s’agit précisément de la région du Darfour contrôlée par les FSR, qui mènent une offensive dans le Nord, près de la ville d’El Fasher.
Déplacement des combats vers le Darfour
Le conflit, latent depuis de nombreuses années, a éclaté après la chute du dictateur Omar Al Bachir en 2019. Si l’enjeu principal reste la conquête du pouvoir, un autre réside dans la prédation des ressources, notamment la mainmise sur les immenses réserves d’or du pays : le Soudan est devenu en quelques années le troisième producteur du continent africain.
C’est cet or, ainsi que l’uranium et la situation géographique stratégique du Soudan, au carrefour de sept pays, qui suscitent l’intérêt de nombreux pays, qui fournissent des armes aux deux camps : Iran, Émirats arabes unis, Égypte et Russie. Mais aussi indirectement la France, dont des équipements militaires ont été retrouvés sur des blindés utilisés au Soudan.
Avec la reprise totale de Khartoum, la guerre, loin d’être terminée, entre désormais dans une nouvelle phase. Les combats devraient se déplacer plus à l’ouest du pays, dans la région du Darfour déjà marquée par plus de vingt ans de conflit. Pour les civils, le pire de la crise humanitaire est sans doute à venir, et aucune initiative diplomatique d’ampleur n’a vu le jour depuis la conférence qui s’était tenue à Paris le 15 avril 2024, sans succès.
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