Coupes budgétaires dans la culture : acteurs, écrivains, syndicalistes et élus de gauche appellent à résister

L’actrice Anna Mouglalis sera dimanche à La Bellevilloise, à Paris. Il y a quelques jours dans un entretien à l’Humanité magazine elle disait : « On sacrifie l’hôpital, l’école, la culture et la jeunesse, en décidant de l’appauvrir et de la faire basculer dans l’obscurantisme. »

On pense, dans la période que nous vivons, à ces paroles de la chanson le Temps des fleurs, « et puis sont venus les jours de brume, avec des bruits étranges et des pleurs », et on le mesure aujourd’hui avec gravité comme avec les mots de Paul Valéry à la fin de son poème le Cimetière marin : « Le vent se lève il faut tenter de vivre ». Car si ce sont bien les activités culturelles qui sont menacées – et pas seulement dans la région des Pays de la Loire avec les mesures à la tronçonneuse de sa présidente Christelle Morançais, mais un peu partout dans le pays –, ce n‘est pas d’une défense corporatiste qu’il s’agit.

Il n’y a pas que la droite et son extrême pour présenter les gens de culture comme des parasites vivant de l’argent public, des élites coupées des réalités et cultivant l’entre-soi. Avec la culture, ce qui est en question, c’est une vision du monde. Guerres, bombardements, inégalités insensées, désastres environnementaux, contrôle des cerveaux, retour du fascisme dans les habits neufs de la haute technologie avec des hypermilliardaires… C’est à tout cela qu’il s’agit de faire face.

« Faire émerger un large mouvement de riposte »

À La Bellevilloise, l’actrice ne sera pas seule, dans un échange tout l’après-midi avec le public. On y dialoguera aussi avec le secrétaire général de la CGT spectacle, Maxime Séchaud, des députées et députés FI, PCF, écologiste, socialiste, l’écrivain et cinéaste Gérard Mordillat, le poète et éditeur Bruno Doucey, le chanteur Raphaël Herrerias du duo Terrenoire, Rémy Cardinale, concertiste et animateur du Réseau salariat, la FSU-culture scientifique, Sylvie Gouttebaron, directrice de la Maison des écrivains et de la littérature (Mél), Aymeric Seassau, adjoint à la mairie de Nantes…

Il y a trois semaines, à l’initiative de la commission culturelle du PCF, un appel invitait à inventer de nouveaux États généraux de la culture. Après Paris, des initiatives sont en cours à Marseille, Lyon, Nîmes. Pour l’animateur de la commission et initiateur de l’appel, Pierre Dharréville, il y a urgence à « réinvestir partout le champ de la culture, à faire émerger un large mouvement de riposte ».

Car c’est le budget de la Culture qui est rétréci, au niveau national comme dans les collectivités locales, c’est la fin de la part collective du pass Culture, et ce sont les menaces sur le service public de l’audiovisuel. Qui sont, interroge l’appel, « ces gens qui se réjouissent d’empêcher la création ? (…) Qui sont ces gens qui espèrent nous priver de nos joies, de nos rencontres, de nos questions, de nos rêves. Que cherchent-ils ? »

Et plus loin, « les nouveaux oligarques engagent leur puissance financière dans une guerre culturelle sans merci, dans laquelle ils se revendiquent de la liberté d’expression pour la dévitaliser, pour détruire la loi, pour légitimer le racisme, le sexisme ou l’homophobie, les fausses informations et les tyrannies »… « Le sommeil de la raison, écrivait Goya, engendre des monstres. » Comme l’asphyxie de la culture. Oui, le vent se lève.

« Vive la culture ! », le dimanche 23 mars à 14 heures, à La Bellevilloise, 16-21, rue Boyer, Paris 20^e.