Xi Jinping s'entoure de Vladimir Poutine et Kim Jong-un pour un défilé militaire géant à Pékin
Une image qui devrait entrer dans l'histoire : le président chinois Xi Jinping a accueilli mercredi 3 septembre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Pékin avant d'assister en compagnie d'une vingtaine de dirigeants étrangers à un grand défilé militaire commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Xi Jinping a serré la main tour à tour à Vladimir Poutine puis à Kim Jong-un ainsi qu'aux autres invités à leur arrivée successive. Puis ils se sont mis en marche sur le tapis rouge, Vladimir Poutine immédiatement à la droite de Xi Jinping et Kim Jong-un à sa gauche, en tête du groupe des dirigeants vers la place Tiananmen pour assister à la parade, selon les images de la télévision.
"La renaissance de la nation chinoise est inarrêtable et la noble cause de la paix et du développement de l'humanité triomphera assurément", a déclaré Xi Jinping lors d'un discours devant l'immense parade. "Aujourd’hui, l'humanité fait de nouveau face à un choix entre la paix ou la guerre, le dialogue ou la confrontation", a-t-il ajouté.
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Le symbole se veut fort : les trois hommes réunis dans la célébration de la victoire sur les menées hégémoniques du Japon et de l'Allemagne nazie au moment où ils sont engagés dans une épreuve de force stratégique avec les Occidentaux, États-Unis en tête.

La présence de Kim Jong-un en compagnie de ses deux puissants voisins à ce qui s'annonce comme une démonstration de force chinoise sera une première. Aucun dirigeant occidental de premier plan n'est annoncé.
Pékin sous haute surveillance
Les invités verront pendant 70 minutes les troupes marcher à une impeccable cadence, les avions survoler l'avenue de la Paix éternelle en formations serrées et de nouveaux armements se succéder sur de lourdes remorques.
La capitale chinoise, réveillée sous un ciel bleu voilé, est placée depuis des jours sous très haute surveillance militaire et policière. Un vaste périmètre est fermé à la circulation autour de la place Tiananmen.

Jamais depuis son accession au pouvoir fin 2011, Kim Jong-un, avare de sorties hors de son pays reclus et soumis à de lourdes sanctions internationales, ne s'est montré dans une telle réunion de dirigeants étrangers. C'est pour la Chine un grand coup diplomatique et le point d'orgue d'une séquence de quelques jours au cours de laquelle elle a également accueilli un sommet régional des dirigeants d'une vingtaine de pays eurasiatiques.
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Dans un contexte de tensions géopolitiques et de guerre commerciale et malgré les pressions américaines, la Chine montre qu'elle "possède la faculté de rassembler et l'influence politique pour réunir Poutine et Kim", dit Lam Peng Er, chercheur à la National University de Singapour. "Xi Jinping montre au reste du monde que Kim Jong Un le rencontre volontiers alors qu'il est réticent à rencontrer à nouveau le président Trump et le président sud-coréen Lee Jae Myung", dit-il.
Donald Trump "très déçu par le président Poutine"
Le président américain Donald Trump a déclenché après son retour à la Maison Blanche une surenchère de droits de douanes réciproques avec la Chine, avant une mise sur pause. Il vient d'accueillir Vladimir Poutine en Alaska pour tenter de trouver une issue à la guerre en Ukraine. Mais Vladimir Poutine n'a montré aucun signe de conciliation pendant son séjour en Chine commencé dimanche. Au contraire, il a de nouveau imputé la guerre à l'Occident. En Chine, il a affiché son entente avec Xi Jinping.
Donald Trump s'est dit mardi "très déçu par le président Poutine". Mais il n'est "pas préoccupé du tout" par l'alliance sino-russe. "Nous avons les forces militaires les plus puissantes au monde, de loin, et ils n'utiliseraient jamais les leurs contre nous. Croyez-moi, ce serait la pire chose qu'ils puissent jamais faire", a-t-il dit.
Quant à la Corée du Nord, les trois rencontres historiques de Donald Trump avec Kim Jong-un en 2018 et 2019 au cours de son premier mandat pour enrayer la menace nucléaire et balistique que fait peser la Corée du Nord sur les alliés régionaux des États-Unis sont restées sans lendemain.
Kim Jong-un a pris du recul sur la scène internationale depuis. Il n'a pas quitté son pays depuis un déplacement en Russie en septembre 2023. Ce sera seulement sa neuvième sortie de Corée du Nord depuis son accession au pouvoir, sans compter deux brefs passages dans la zone démilitarisée à la frontière avec la Corée du Sud. En venant à Pékin, il "démontre aux Nord-Coréens et au monde qu'il a de puissants amis russes et chinois qui le traitent avec respect", dit l'expert Lam Peng Er.
Avec AFP