Pourquoi les mines du Congo sont la matrice du capitalisme

Alors que Meta est encore pointée du doigt pour avoir étouffé des comptes mettant en avant des opinions politiques de gauche (pour résumer), la République démocratique du Congo est traversée par des violences, avec le soutien du Rwanda voisin. Et ces deux infos sont liées. « Vous ne pouvez pas parler d’intelligence artificielle sans parler du Congo. Vous ne pouvez pas faire voler un drone sans parler du Congo. Il n’y a pas de technologie avancée sans le Congo », résume Kambale Musavuli, analyste pour l’association Les Amis du Congo dans une interview pour al-Jazira. Ce qui se passe au Congo actuellement et, en fait, depuis plusieurs décennies constitue donc tout simplement une phase du capitalisme qui repose sur l’exploitation et l’accaparement des ressources minérales et humaines.

On savait que la révolution numérique est vorace en ressources métalliques et minérales, et donc coûteuse sur le plan écologique. Mais, plus sournoisement, la transition écologique et numérique l’est encore plus. Pour la philosophe Celia Izoard, « la mine est la matrice du capitalisme » et dans cette phase dite de transition, comme dans les précédentes, « la bourgeoisie a assis son pouvoir sur la conquête des sous-sols ».

La montée des incitations aux énergies propres au Nord conduit donc à la saignée des ressources au Sud, sans parler des déstabilisations politiques, des pollutions liées au traitement des métaux et à l’impossibilité de recyclage, des atteintes aux droits humains et du travail… C’est l’exemple d’Amazon et des Gafam en général, qui doivent refroidir leurs immenses data centers et qui, pour des questions d’acceptabilité sociale, se targuent d’acheter de l’électricité bas carbone. Or, ces énergies reposent sur l’exploitation du cuivre, du cobalt ou encore du lithium.

Dès lors, les politiques publiques qui poussent à la numérisation de la société ou au déploiement des véhicules électriques sont à la fois un désastre écologique mais, surtout, reposent sur un ordre du monde colonial et violent. Mais c’est encore pire. L’enjeu véritable n’est pas le téléphone que nous avons dans la poche ou les photos de vacances que nous stockons dans le cloud, ce n’est même pas de rendre possible le télétravail en temps de crise.

Les États-Unis, les pays européens, la Chine et la Russie répondent en réalité à des enjeux industriels, militaires, d’espionnage, de surveillance et de contrôle de leurs populations. Pour cela, ils se battent donc plus ou moins ouvertement, mais directement pour leur autonomie énergétique. Pour que les entreprises américaines Open AI (ChatGPT) et Google puissent rester hégémoniques face à leur rival chinois Deepseek, il leur faudra piller les ressources minières de manière continue et croissante, dans la région des Grands Lacs et dans toutes les autres zones connues pour leurs gisements.

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