Procès des geôliers de l’Etat Islamique : la perpétuité requis contre Mehdi Nemmouche
À l’ouverture de son procès le 17 février, Mehdi Nemmouche avait nié en bloc : « Je n’ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni aucun autre, et je n’ai jamais rencontré ces personnes en Syrie ». Celui qui avait gardé le silence pendant 10 ans d’enquête a campé sur ses positions pendant le procès, reconnaissant simplement avoir combattu au sein du groupe État islamique.
Il s’est également lancé dans une longue tirade truffée de références historiques et géopolitiques contre les armées des pays occidentaux, parlant à toute vitesse, opposant parfois de curieux « secret-défense » aux questions, rapporte l’Agence France-Presse (AFP).
Mercredi 19 mars, le tribunal a requis la perpétuité assortie d’une période de sûreté maximale de 22 ans, pendant laquelle il ne pourra pas demander de libération anticipée. Dans le box, Mehdi Nemmouche n’a pas montré d’émotion. La défense plaidera jeudi 20 mars, et le verdict est attendu le lendemain.
10 mois d’enfer pour les otages
Les journalistes français kidnappés et présents dans la salle d’audience avaient formellement reconnu Mehdi Nemmouche lors du procès, qui a été le moment du récit d’un spectre de violence sanglante et d’humiliation. Didier François, Édouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont ainsi raconté, 10 ans après, l’enfer de 10 mois de détentions.
« On a aucun répit. À côté on entend des hurlements à mort on sait pas ce qu’il se passe. On est des loques », a par exemple expliqué Édouard Elias. « C’est continuellement, continuellement, des cris de gens en train de mourir. Tout le temps, le jour la nuit, un abattage systématique de Syriens. C’était une machine, une horreur absolue », a témoigné l’ex-otage.
« C’est la voix qui m’emmerdait pendant des heures », qui « me terrorisait, qui me faisait chier en cellule ». Celle de celui « qui parlait trop, qui parlait tout le temps », avait décrit Édouard Elias à la barre, à propos de Mehdi Nemmouche. La voix qui chantait Charles Aznavour ou « Douce France », se sont-ils aussi rappelés.
Qui disait son admiration pour Mohammed Merah, qu’il aimerait imiter et « fumer une petite juive de quatre ans ». Qui se vantait d’exactions – « Je suis un ancien délinquant reconverti en nettoyeur ethnique islamique », fanfaronnait-il. Ou leur faisait des quiz, parler de « Faites entrer l’accusé », lançait « mon p’tit Didier ! » à l’aîné des otages français, Didier François, rapport l’AFP.
Mehdi Nemmouche est déjà condamné à la perpétuité pour l’attaque au musée juif de Bruxelles lors de laquelle il avait abattu quatre personnes le 24 mai 2014. C’est grâce à sa photo publiée quelques jours plus tard dans la presse, au moment de l’arrestation, que les journalistes – libérés et rentrés en France un mois plus tôt – l’avaient reconnu. Tous les quatre avaient été enlevés en juin 2013, comme 25 journalistes et humanitaires occidentaux au total, souvent détenus ensemble.
Le journal des intelligences libres
« C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. »
Tel était « Notre but », comme l’écrivait Jean Jaurès dans le premier éditorial de l’Humanité.
120 ans plus tard, il n’a pas changé.
Grâce à vous.
Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !