Oscars 2025 : « Anora » de Sean Baker rafle la mise avec la statuette du meilleur film et de la meilleure actrice pour Mikey Madison, Adrien Brody sacré meilleur acteur pour « The Brutalist »

Déjà Palme d’or du Festival de Cannes l’année dernière, Anora de Sean Baker est sorti triomphant de la la 97e cérémonie des Oscars, dimanche 2 mars à Hollywood, avec cinq statuettes, dont celle du meilleur film. « Ce film a été réalisé grâce au sang, à la sueur et aux larmes d’artistes indépendants incroyables », a réagi le réalisateur de cette comédie corrosive autour d’Ani, strip-teaseuse new-yorkaise, et de sa rencontre avec Ivan, un client fortuné fils d’un oligarque russe, produit avec seulement six millions de dollars.

Le film rafle non seulement la récompense suprême, mais aussi les prix de la meilleure actrice pour Mikey Madison, du meilleur scénario, du meilleur montage, et du meilleur réalisateur pour Sean Baker, figure du cinéma d’auteur américain qui a également lancé lors de son discours un cri d’alarme pour les « cinémas qui souffrent ».

L’occasion également d’une des rares sorties politiques de la soirée. « Anora passe une bonne soirée. Deux Oscars déjà. Je suppose que les Américains sont ravis de voir quelqu’un s’opposer enfin à un Russe puissant », a lâché l’humoriste et maître de cérémonie, Conan O’Brien, en référence aux récentes déclarations de Donald Trump sur la guerre en Ukraine.

« No Other Land » a remporté l’Oscar du meilleur documentaire

Emilia Pérez n’a de son côté pas pu reproduire l’enthousiasme généré à Cannes, où il avait notamment reçu le prix du jury ni celui de la cérémonie des César où il a obtenu 7 statuettes dont celles du meilleur film et de la meilleure réalisation. L’odyssée musicale de Jacques Audiard sur la transition de genre d’un narcotrafiquant mexicain a été largement boudée, après le scandale suscité par les anciens tweets racistes et islamophobes de son actrice principale, Karla Sofía Gascón. Malgré treize nominations, il a reçu deux Oscars : celui du meilleur second rôle féminin pour Zoe Saldaña et de la meilleure chanson, pour « El Mal », titre phare où son personnage d’avocate se révolte contre la corruption de la société mexicaine.

La statuette du meilleur film international lui a échappé au profit du drame brésilien Je suis toujours là de Walter Salles, sur la résistance d’une mère courage contre l’ex-dictature brésilienne. « Je veux que ça cesse. Je veux partir sur autre chose », confiait à l’Agence France-Presse (AFP) le cinéaste français Jacques Audiard juste avant la cérémonie, lassé par les polémiques – une partie du public mexicain l’a aussi accusé d’appropriation culturelle.

Adrien Brody a été l’autre sensation de la soirée : le comédien a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour The Brutalist, où il incarne un architecte survivant de l’Holocauste qui émigre aux États-Unis. L’acteur de 51 ans en a profité pour livrer un plaidoyer politique, dans une référence à peine voilée à la nouvelle présidence de Donald Trump. « Si le passé peut nous enseigner quelque chose, c’est de nous rappeler de ne pas laisser la haine s’exprimer sans contrôle », a-t-il insisté, en appelant de ses vœux « un monde plus sain, plus heureux et plus inclusif ». De son côté, Zoe Saldaña s’est dite « fière d’être l’enfant de parents immigrés qui ont des rêves, de la dignité et des mains qui travaillent dur ».

Dans une cérémonie pour le reste largement consensuelle, la guerre à Gaza a toutefois fait une incursion, lorsque le film coup de poing sur la colonisation israélienne en Cisjordanie, No Other Land a remporté l’Oscar du meilleur documentaire.

Le reste du palmarès a couronné Kieran Culkin, meilleur second rôle masculin pour son personnage de trentenaire juif à fleur de peau, à la fois charismatique et insupportable, dans A Real Pain. La production lettone Flow a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation, grâce aux aventures bouleversantes d’un chat à la dérive, confronté à l’engloutissement de sa planète par la montée des eaux.

Grand concurrent d’Anora, le thriller papal Conclave et son intrigue sur les arcanes mouvementés de l’élection d’un nouveau pape au Vatican, n’est finalement reparti qu’avec un seul Oscar, celui du meilleur scénario adapté.

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