Ces femmes qui refusent d'être muselées : en Iran, dans l'Amérique de Trump et la France d'hier

Inquiétude pour les femmes aux États-Unis

En nommant trois juges conservateurs à la Cour suprême lors de son premier mandat, Donald Donald Trump savait bien ce qu’il faisait. La plus haute cour de justice des Etats-Unis voyait son équilibre basculer du côté des conservateurs, pavant la voie au renversement de l’arrêt Roe contre Wade, en juin 2022, alors qu’il n’était plus au pouvoir. Pendant toute la campagne présidentielle, le conservateur s’est vanté de cette prouesse, tout en prenant prudemment ses distances avec les autres législations pouvant contraindre davantage l’avortement, interdit dans les mois qui suivent par 22 Etats.

Pour ne pas trop se couper de l’électorat féminin et de cette partie de la population qui soutient l’avortement (70% des Américain·es pour les cas de viol), il avait expliqué qu’il ne pousserait pas plus loin l’interdiction au niveau fédéral et avait dit n’avoir rien interdit à sa femme Melania, qui s’est positionnée en faveur du droit des femmes à disposer de leur corps dans ses Mémoires.

Le scrutin pour la présidentielle a d’ailleurs été l’occasion pour dix Etats de lancer des référendums sur le sujet. Sept d’entre eux ont voté pour protéger ou renforcer le droit à l’IVG localement. Rien ne dit pour autant que le deuxième mandat de Donald Trump verra le républicain avoir une attitude et une politique moins misogynes que la premier.

Depuis des mois, la Fondation Héritage, dont plusieurs membres sont des proches du républicain, œuvrent à un programme qu’ils veulent voir appliqués. Au total, Project 2025 compte 900 pages qui décrivent une politique très conservatrice, qui entend interdire la pilule abortive et limiter le recours à la pilule du lendemain, entre autres propositions. De nombreuses femmes s’inquiètent de la politique que va développer Donald Trump, accompagné de son vice-président élu JD Vance, pour ce nouveau mandat.

La révolte silencieuse d’une Iranienne

Ahoo Daryaei n’a pas ouvert la bouche, mais elle devenue le nouveau visage de la contestation en Iran. L’image de cette jeune femme en sous-vêtement a fait le tour du monde en quelques heures grâce aux réseaux sociaux. On sait peu de choses d’elles mais on croit comprendre que, harcelée, bousculée par un Gardien de la révolution pour un voile mal mis, elle aurait retiré tous ses vêtements en signe de protestation. Ahoo Daryaei a ensuite été embarquée dans une voiture banalisée et serait désormais enfermée dans un hôpital psychiatrique, comme le régime de Téhéran a l’habitude de le faire pour les femmes qui le défient... Pour Téhéran, c’est une manière de discréditer les rebelles du mouvement Femme, Vie, Liberté.

À voir, ReportersIran, les visages de la colère : plongée clandestine dans le quotidien de ceux qui disent non

Femmes de lettres : sous le pseudonyme, la liberté

Ecrire ? D’accord. Etre publiée, gagner de l’argent de sa plume ? Non. Longtemps, les femmes n’ont pas eu le droit d’être des autrices, de prendre la lumière par leur art ou leur talent. Alors pour contourner l’interdiction, nombreuses sont celles qui à travers les siècles ont publié leurs œuvres anonymement ou, mieux encore, opté pour un pseudonyme masculin. Si on sait bien aujourd’hui que George Sand s’appelait Aurore Dupin ou que Willy était née Sidonie-Gabrielle Colette et que c’est son mari qui s’est longtemps attribué la paternité de la série des Claudine, on connaît moins le nom de dizaines d’autres femmes de l’ombre.

Dans "Ils sont elles", Catherine Sauvat dresse leur portrait et lève le voile sous lequel elles se sont cachées parfois jusqu’à nos jours. C’est le cas par exemple de Jacques Reynaud, dont l’identité à la ville est Gabrielle Cisternes de Courtiras, qui se cache sous ce nom pour écrire sans craindre l’opprobre familiale, alors qu’elle a besoin de subvenir à ses besoins. Au-delà de cet anonymat, les thèmes qu’elles abordent ne sont pas forcément les mêmes que ceux des hommes, comme le prouve le roman Ourika de Claire de Duras, publié anonymement, ou "La loi qui tue" qui évoque les violences conjugales que subit Françoise Adèle Chartier dans le roman qu’elle signe Camille Delarue, un prénom mixte qui lui permet de se cacher en pleine lumière.

Sur ce sujet, nous vous invitons à voir (ou à revoir) l’interview d’Aurore Evain, qui s’interrogeait sur l’identité réelle de Shakespeare, soupçonnant qu’il pourrait en fait être un simple prête-nom pour l’aristocrate Mary Shelley.