Législatives en Géorgie : la justice convoque la présidente Salomé Zourabichvili pour qu'elle fournisse des preuves de fraude électorale
Salomé Zourabicvhili est désormais sommée de founir des preuves. La présidente géorgienne a été convoquée par la justice de son pays, annonce le bureau du procureur général mercredi 30 octobre, après ses propos dénonçant une fraude à grande échelle lors des législatives. Le parti Rêve géorgien, partisan d'une normalisation des relations avec la Russie et accusé de dérive autoritaire, l'a emporté devant les oppositions proeuropéennes. La cheffe d'Etat "serait en possession d'indices prouvant la possible falsifications des élections législatives", écrit le bureau du procureur général dans son communiqué, semblant donc lui réclamer des comptes.
L'ouverture de cette enquête a été déclenchée sur la base des déclarations prononcées la veille par la commission électorale centrale. Celle-ci avait dénoncé, dans un communiqué, une "campagne d’informations manipulatrices et infondées visant à induire en erreur les électeurs" et rejeté en bloc les accusations de fraude pensant sur le scrutin, en citant trois affaires. La coalition My Vote, qui regroupe une trentaine d'associations, a pourtant relevé des irrégularités dans la plupart des bureaux de vote où elle comptait des observateurs, dont certains ont témoigné auprès de franceinfo.
Le parquet géorgien promet de mener "toutes les actions d'enquête et de procédure nécessaires pour étudier les faits évoqués dans la déclaration de la commission électorale", ajoute le bureau du procureur général, "ainsi que ceux mentionnés par la présidente de la Géorgie, certains partis politiques et les représentants des missions d'observation électorale". La commission centrale électorale avait par ailleurs annoncé, mardi, qu'un recomptage des voix serait organisé dans cinq bureaux de vote choisis au hasard, dans chaque circonscription, ce qui représente 14% du total.
Une figure en rupture avec le gouvernement
"Le régime de [l'oligarque Bidzina] Ivanishvili a clairement indiqué qu'il n'allait pas enquêter de manière significative sur les fraudes électorales", commente David Zedelashvili, professeur de droit constitutionnel à Tbilissi et chercheur associé à l'institut de recherche Gnomon Wise.
"Cette démarche n'a qu'un seul but : des manœuvres de représailles et d'intimidation contre la présidente Salomé Zourabichvili, motivées par des considérations politiques."
David Zedelashvili, professeur de droit constitutionnelà franceinfo
La présidente géorgienne a un pouvoir essentiellement symbolique, mais elle a dénoncé à plusieurs reprises les textes adoptés par le parti Rêve géorgien – notamment sur les "agents de l'étranger" et sur la "propagande LGBT".
A Tbilissi, lundi soir, elle avait encore pris la parole devant des milliers de manifestants, depuis les marches du Parlement. Le constitutionnaliste analyse cette convocation comme une punition, visant in fine à obtenir le départ de la dirigeante, en rupture avec le gouvernement. "Avant même les élections, le régime a entamé une deuxième procédure de destitution contre la présidente, promettant de la démettre de ses fonctions et de la condamner", rappelle-t-il. Et hier, "l'ancien président russe Dmitri Medvedev a demandé l'arrestation de Salomé Zourabichvili, ce qui explique la rapidité avec laquelle le régime mandataire de la Russie à Tbilissi agit selon les souhaits de ses maîtres russes".