Au Soudan, le chef des paramilitaires admet la perte de Khartoum mais promet de revenir

Au Soudan, le chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, a reconnu, dimanche 30 mars, pour la première fois que ses troupes avaient perdu la capitale. 

L'armée soudanaise avait affirmé jeudi avoir repris le contrôle total de Khartoum.  

"Il est exact que dans les jours précédents, il y a eu un repositionnement des forces à Omdurman (ville jumelle de Khartoum, NDLR), et cela a été approuvé par la direction et le service des opérations, et c'est une décision collective. Je vous confirme que nous sommes effectivement partis de Khartoum, mais (...) nous reviendrons avec une détermination plus forte", a déclaré le général Daglo, dans un discours adressé à ses troupes relayé sur les réseaux sociaux.

Le commandant des Forces de soutien rapide (FSR) du Soudan, le général Mohamed Hamdan Daglo en juin 2022 à Khartoum.
Le commandant des Forces de soutien rapide (FSR) du Soudan, le général Mohamed Hamdan Daglo, en juin 2022 à Khartoum. © Ashraf Shazly, AFP (archives)

"Tous ceux qui pensent qu'il y a des négociations ou des accords en cours avec ce mouvement diabolique se trompent", a-t-il ajouté en référence à l'armée, avec laquelle les FSR sont en guerre depuis avril 2023. "Nous n'avons ni accord, ni discussion avec eux. Seulement le langage des armes", a-t-il ajouté.

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Chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane avait déclaré mercredi soir la capitale "libérée" des FSR, avant que l'armée n'en annonce jeudi la prise de contrôle totale. 

Pays coupé en deux

Samedi soir, dans sa première allocution depuis l'annonce de la reprise de Khartoum, le général al-Burhane a promis que ses forces se battraient jusqu'à la victoire sur les paramilitaires, affirmant que la guerre ne finirait que lorsque les FSR déposeraient leurs armes.

Il a également exclu toute négociation avec ses rivaux, affirmant que la victoire ne serait complète que lorsque "le dernier rebelle aura été éliminé".

Lors de la fragile transition politique après la chute en 2019 du président Omar el-Béchir, les généraux Burhane et Daglo avaient forgé une alliance de circonstance pour chasser les personnalités civiles du gouvernement, avant d'entamer une lutte acharnée pour le pouvoir qui a tourné à la guerre ouverte.

Malgré le revers infligé par l'armée aux FSR dans la capitale, le pays, le troisième plus grand d'Afrique, reste de facto divisé en deux. L'armée contrôle l'est et le nord du Soudan, tandis que les FSR dominent quasiment toute la vaste région du Darfour dans l'ouest ainsi qu'une partie du sud.

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Les FSR et l'armée ont toutes deux été accusées d'atrocités, et leurs dirigeants sont sous le coup de sanctions américaines. En janvier 2025, Washington a formellement accusé les FSR de "génocide". 

La guerre au Soudan a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et provoqué une crise humanitaire majeure.

Avec AFP