REPORTAGE. "Ils envoient délibérément les drones sur nous" : bombardée sans relâche par la Russie, la ville ukrainienne de Koupiansk se vide de ses habitants
L'Ukraine a besoin de plus d'aide en ce printemps. C'est l'appel du président Volodymyr Zelensky, qui doit faire face à une nouvelle offensive russe. Il demande notamment plus de moyens pour la défense aérienne. Et accuse Moscou de préparer une attaque dans les régions de Soumy et Kharkiv, au nord-est du pays, des zones déjà largement désertées par les populations civiles.
À Koupiansk, il ne reste plus que 3 000 habitants sur les 50 000 que comptait l'agglomération en 2022. Après trois ans de guerre, sous les bombardements et les drones, certains habitants se décident donc à partir, évacués par des secouristes.
Sanglé dans son gilet pare-balles, Serhiy prend le volant. À 28 ans, ce volontaire évacue les habitants. Il en a fait son devoir. "On a peur bien sûr, on a vraiment peur. C'est très risqué, parfois je me force à y aller", raconte-t-il. Il se gare. Les Russes sont à deux kilomètres. Un homme s'approche de la voiture. C'est Viktor, 62 ans, un sac en plastique jaune à la main. Dedans, ses papiers d'identité, c'est tout ce qu'il emporte à Kharkiv, chez son fils. "C'est de pire en pire", déplore-t-il.
"Vous voyez ce qu'il se passe ? Ils tirent, ils tirent, ils tirent. Je n'ai jamais pensé que je quitterais Koupiansk."
Viktor, habitant de Koupianskà franceinfo
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Ici, tous les bâtiments - ou presque - sont endommagés. Serhiy ramasse un câble au sol. "Ce sont des morceaux de drone FPV, décrit-il. C'est son antenne, et là-bas ce sont les fils de contact de la batterie. C'était un drone russe". Comme ceux qui prennent pour cible les volontaires, explique Valeriy, un autre volontaire. "Sur nos voitures, on colle des autocollants pour dire qu'on est des volontaires, des civils, ajoute-t-il. Mais malheureusement, ça n'arrête pas les Russes. Ils envoient délibérément les drones sur nous."
"Les Russes rasent tout"
Une preuve de plus pour Valeriy, que les Russes, s'ils prennent à nouveau Koupiansk, n'épargneront personne. "En 2022, quand les Russes sont entrés ici, ils terrorisaient les habitants, mais plutôt les hommes, raconte-t-il. Ils cherchaient d'anciens combattants. C'est pour ça que des gens restent, ils pensent que ce sera pareil. Maintenant, les Russes rasent tout".
Sur la route, Serhiy s'arrête chez sa grand-mère Tetiana. Elle refuse d'être évacuée. "Ça tire, vous savez. Les nuits, c'est dangereux. Mais on tient bon. Et où partir, en laissant nos maisons ?", s'interroge-t-elle. "Depuis 2022, je leur répète d'évacuer, raconte Serhiy. Mais je n'arrive pas à les convaincre. Si les Russes approchent encore, je les attrape par le col et je les emmène de force". Tetiana sourit en caressant le bras de son petit-fils. "On voudrait du calme et de la stabilité", glisse la vieille dame.