REPORTAGE. "Aidez-nous à vaincre ce mal !" : à Kryvyï Rig, les Ukrainiens pleurent leurs enfants tués et en appellent à la communauté internationale
Les pays de la "coalition des volontaires" se retrouvent à nouveau jeudi 10 avril à Bruxelles. Les ministres de la Défense de trente pays, alliés de l'Ukraine, doivent discuter des futures garanties de sécurité, en cas de cessez-le-feu. Mais le processus de trêve est au point mort. La Russie continue de bombarder le territoire ukrainien.
Vendredi 4 avril, une frappe a fait 19 morts dont neuf enfants dans la ville de Kryvyï Rig. Entre les immeubles le trou béant laissé par le missile russe dans cette ville meurtrie est entouré de rubalise. Œillets, tulipes, peluches et jouets recouvrent l'aire de jeux toute proche. "C'est ici que mon fils est mort, il jouait là quand la frappe l'a fauché", indique Svetlana, la maman de Guerman, 9 ans.
"Son père s'est précipité dehors, il l'a trouvé sur ce tourniquet, il était penché. Il avait un poumon arraché et un trou dans la tête, poursuit Svetlana. Il me disait tous les jours : 'Maman, j'aime tellement ma vie.' Je comprends maintenant que c'était un ange." Svetlana se baisse, attrape un ours en peluche jaune, et laisse déborder sa colère : "Voilà à quel point la Russie est courageuse ! Elle peut faire la guerre aux enfants, aux maternités."
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"Je ne sais pas pourquoi la communauté internationale reste silencieuse"
Un peu plus loin Vitaly se recueille devant des jouets, des fleurs au sol. A l'endroit précis où son unique petit-fils, Tymofiy, trois ans, est brutalement décédé. "On m'a arraché le cœur, il est mort dans mes bras, raconte Vitaly. Je le portais comme s'il était vivant. Comment est-ce possible de vivre ça ? Peut-être que ce sont plutôt les Européens qui vont nous aider parce qu'ils prennent conscience de ce qu'il se passe. On se trouve sur le même continent. Des Américains, je n'attends plus rien. Ils auraient pu agir bien avant."
Une sirène retentit. Vitaly s'éloigne vers l'abri. Devant les photos des neuf enfants disparus et cette aire de jeux transformée en lieu de mémoire, Halena ne retient pas ses larmes. "C'est une souffrance inexprimable, explique-t-elle. Je ne sais pas pourquoi la communauté internationale reste silencieuse. On comprend bien qu'on ne peut pas se défendre tous seuls. On vous en supplie, aidez-nous à vaincre ce mal."
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Les diplomates de 32 pays sont venus se recueillir, eux aussi. Mais les habitants de Kryvyi Rih attendent davantage que des prières et des fleurs.