Réarmement : le futur chancelier allemand en difficulté pour faire accepter son coup de force sur le budget de l’armée

Friedrich Merz, le futur chancelier allemand, est en difficulté pour concrétiser son coup de force contre le Bundestag nouvellement élu. Ses propositions de révision du frein à la dette pour en absoudre le budget de la Bundeswehr, l’armée fédérale, et de l’adoption d’un budget exceptionnel pour les infrastructures, sont, chacune, redevables d’une modification de la règle d’or de la Constitution. Règle qui limite drastiquement la hauteur de nouveaux emprunts publics.

Tributaires d’une majorité des deux tiers, estampillée introuvable dans la nouvelle Chambre basse, le chef de la CDU et son partenaire du SPD ont décidé de précipiter le tempo ce jeudi 13 mars, et de présenter aux députés de l’ex-Bundestag, encore formellement en fonction jusqu’au 25 mars, un texte autorisant ces somptueux engagements budgétaires.

« Les Verts ne sont pas là pour ça »

Seulement, les Verts, dont le ralliement est indispensable pour obtenir la majorité requise, font monter les enchères. Ils ont fait savoir le 11 mars qu’ils ne voteraient pas en l’état le texte présenté par les deux composantes de l’équipe Merz, qui viennent tout juste de lancer les négociations pour former le nouveau gouvernement. « CDU et SPD veulent réformer le frein à la dette pour financer des cadeaux fiscaux. Les Verts ne sont pas là pour cela », a martelé Franziska Brantner, coprésidente des Grünen.

Les écologistes n’hésitent pourtant pas à prendre le contrepied des principes pacifistes qui ont tant marqué leur identité à leurs débuts, dans les années 1980. Leur candidat à la chancellerie, Robert Habeck, ministre de l’Économie sortant, s’est même prononcé en faveur d’un budget militaire porté à 3,5 % du PIB, très conforme aux exigences formulées par un Donald Trump désireux de transférer une partie du poids de l’économie de guerre sur les épaules européennes.

Un maintien du refus vert ce jeudi devant les élus de l’ancien Bundestag ferait démarrer l’ère du chancelier Merz par un terrible revers politique. Il semble toutefois que la direction des Grünen, qui s’est dite prête à « poursuivre les négociations », cherche à user de sa position clé pour marchander une série d’engagements plus écolos dans le programme du nouveau pouvoir.

Die Linke porte plainte auprès de la Cour constitutionnelle

Plus sérieuse pour Merz, apparaît la plainte en urgence déposée par Die Linke auprès de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Principal argument du parti : les mesures adoptées par l’ancien Bundestag dans ces dernières heures « seront lourdes de plusieurs centaines de milliards d’euros et vont par conséquent influencer la physionomie même de la prochaine mandature ». Le tout, sans que les nouveaux élus puissent avoir la moindre possibilité d’en modifier les tenants et aboutissants. Il s’agit donc d’une atteinte au principe même de la démocratie représentative.

Après la percée de l’AfD (extrême droite) et l’évolution des rapports de force au sein du nouveau Bundestag, Die Linke et ses 64 députés y disposent d’une minorité de blocage. Le parti est ouvert au débat et favorable à une suppression pure et simple du frein à la dette mais, en aucun cas, relève Heidi Reichinnek, coprésidente du groupe parlementaire, « à signer un chèque en blanc pour l’envolée des dépenses militaires ».

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