Allemagne : une semaine après la victoire de la CDU, Friedrich Merz entame les négociations sur le futur gouvernement
Deux semaines après la victoire étriquée du Parti chrétien-démocrate et de sa branche bavaroise à l’élection du Bundestag du 23 février, Friedrich Merz, patron de la CDU, et Markus Söder, son homologue de la CSU, sont convenus avec les deux coprésidents du SPD, Saskia Esken et Lars Klingbeil, de lancer ce lundi 10 mars les pourparlers pour la formation d’une coalition gouvernementale. Celle-ci sera pilotée par un chancelier Merz qui s’est dit pressé de doter le pays d’un exécutif « stable et rapidement opérationnel », compte tenu de la précipitation des événements sur la scène internationale.
Avant même que le gouvernement soit connu, le futur chancelier et ses partenaires du SPD ont déjà désigné ses grandes priorités budgétaires : des dépenses de surarmement sans limites grâce à une révision du frein à l’endettement inscrit dans la Constitution et l’octroi d’une enveloppe exceptionnelle de 500 milliards d’euros sur dix ans pour les infrastructures sont au programme.
Majorité des 2/3
Si ces deux engagements vont assurément marquer la politique de Berlin tout au long du prochain mandat, les deux partis ont décidé de les faire ratifier par… l’ancien Bundestag, formellement en place jusqu’au 25 mars, date de convocation de la Chambre basse du Parlement nouvellement élue.
Les deux partis de ce qu’il était convenu d’appeler, jadis, une « grande coalition », mais qui est minoritaire en voix et ne dispose que d’une très courte majorité dans le nouveau Bundestag, veulent précipiter les étapes et n’hésitent pas à s’asseoir allègrement sur la démocratie. Pour eux, il s’agit de s’assurer qu’ils disposeront bien de la majorité des deux tiers, indispensable pour booster comme jamais les dépenses d’armement et obtenir l’autorisation de souscrire d’énormes emprunts pour les infrastructures.
Dans le Bundestag qui vient d’être élu, ces majorités des deux tiers pouvaient se révéler introuvables, compte tenu des nouveaux rapports de force après la percée de l’AfD, partisane du libéralisme le plus dérégulé et hostile à toute réforme du frein à l’endettement. Les 64 députés de Die Linke occupent ainsi une position clé. Ils pourraient constituer l’appoint nécessaire à une majorité des deux tiers.
Seulement, si ses dirigeants sont favorables à une suppression pure et simple du frein à l’endettement, cette règle d’or à fabriquer une austérité chronique puisqu’elle interdit tout dépassement de plus de 0,35 % du déficit fédéral, ils ont fait savoir qu’ils s’opposeraient à un « quoi qu’il en coûte » immédiat pour le surarmement, si ardemment désiré par le futur chancelier et ses partenaires. Le grand rendez-vous de cette drôle de gouvernance a été fixé à ce jeudi 13 mars. L’ancien Bundestag sera appelé alors à valider les grands choix du nouveau gouvernement avant même qu’il ne soit formé.
Par ailleurs, les deux partis du futur exécutif annoncent une fermeture, de fait, des frontières contre les migrants. Le SPD accepte ainsi in fine une proposition controversée de Merz qui n’avait pas hésité à s’allier fin janvier à ce sujet avec l’AfD, rompant alors volontairement le cordon sanitaire à l’égard de l’extrême droite, érigé pourtant en principe absolu depuis le début de la République fédérale. Le modèle démocratique allemand va mal.
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