Reconstruire Gaza en "Côte d'Azur du Moyen-Orient" ? Évacuer les gravats du World Trade Center "a pris plusieurs années", rappelle un diplomate

L’annonce fracassante mardi 4 février par le président américain que les États-Unis allaient "prendre le contrôle" de Gaza pour la transformer en "Côte d’Azur" a frappé le monde de stupeur. Si certains s’interrogent désormais sur la faisabilité du projet, d’autres objectent qu’avant de rêver à une nouvelle Riviera à Gaza, il va falloir déblayer. Car après 16 mois de guerre, l’enclave palestinienne est en ruines.

Les destructions de la guerre ont généré près de 40 millions de tonnes de débris dans l'enclave, selon les estimations de l'ONU. Reconstruire Gaza est donc déjà une tâche de longue haleine, souligne Pierre Duquesne, ancien coordinateur de l'aide internationale pour l'État palestinien. "Le problème qui se pose c’est que tout ça prend quand même du temps. J’avais coutume de rappeler qu’à New York, l’enlèvement des gravats du World Trade Center [détruit lors des attentats du 11 septembre 2001] a pris plusieurs années. Donc il faut un minimum de patience de la part de tout le monde", insiste-t-il. 

Pour relancer Gaza, miser sur les savoir-faire gazaouis

Pierre Duquesne évalue à une dizaine de milliards de dollars la reconstruction de Gaza qui se fera sans un dollar des contribuables américains, a précisé mercredi la porte-parole de la Maison Blanche. Les États-Unis vont "travailler avec leurs partenaires dans la région pour reconstruire", a assuré Karoline Leavitt. Elle a ajouté que les populations devront être déplacées "temporairement" pour pouvoir y retourner "dès que ce ne sera plus un chantier de démolition mais un endroit où les gens pourront vivre en harmonie". 

L’ancien coordinateur de l'aide internationale pour l'État palestinien insiste de son côté sur les secteurs qu'il faudrait soutenir pour relancer l'économie. "Qu’est-ce qu’on sait faire à Gaza ? De l’agriculture sous serre, qu’il s’agisse de fruits et légumes ou de fleurs coupées", donne en exemple Pierre Duquesne. Mais il faudrait pouvoir exporter vers l’Europe et pour l’heure, "Israël empêche" ces exportations, objecte le diplomate. "On sait faire aussi du petit mobilier, le travail du bois. On sait faire des services informatiques et même des jeux vidéo. Fut un temps où la France, l’Agence française du développement, aidait des start-up de Gaza à construire des jeux vidéo, parce que là, il n’y a pas de mur."

La bande de Gaza peut assurément se développer, y compris avec des hôtels de bord de mer. Mais à deux conditions : une nouvelle gouvernance politique et la fin des restrictions israéliennes qui plombent son économie.