Deux prisonniers, 300 soldats tués, des pressions pour « pour qu’ils se suicident »… La présence de la Corée du Nord sur le front ukrainien au centre des tensions

La véracité des chiffres est invérifiable, les tenants et aboutissants de la situation restent flous, mais Kiev n’a pas souhaité rater une telle occasion. Samedi 11 janvier, Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, annonce que son armée a fait prisonniers deux soldats nord-coréens, interpellés dans la région russe de Koursk. Une annonce en grande pompe qui tombe justement à un moment où l’armée ukrainienne lance à nouveau des opérations militaires dans la région.

De quoi, espèrent l’Ukraine et ses alliés, peser dans le rapport de force qui les oppose à la Russie, tandis que de possibles négociations impulsées par le futur président des États-Unis, Donald Trump, se profilent. « La tâche n’a pas été facile. D’habitude, les forces russes et les autres militaires nord-coréens exécutent généralement leurs blessés afin d’effacer toute preuve de l’implication de la Corée du Nord dans la guerre », a ainsi déclaré le chef d’État ukrainien, qui a précisé que les deux prisonniers étaient soignés à Kiev.

« Il a d’abord cru qu’il était envoyé en formation »

Le service de renseignements ukrainien, SBU, a de son côté diffusé, toujours samedi, une vidéo montrant les deux prisonniers dans des couchettes d’hôpital avec des bandages, l’un sur les mains, l’autre sur la mâchoire. Selon son homologue sud-coréen, le NIS, qui appuie l’armée ukrainienne, l’un des deux soldats avait révélé lors de son interrogatoire avoir reçu un entraînement militaire des forces russes après son arrivée en novembre. « Il a d’abord cru qu’il était envoyé en formation, puis s’est rendu compte à son arrivée en Russie qu’il avait été déployé » au front, avait relaté le NIS, qui s’occupe des interrogatoires, les soldats nord-coréens ne parlant que leur langue natale.

« L’Ukraine est prête à remettre à Kim Jong Un ses soldats s’il peut organiser leur échange contre nos combattants qui sont détenus en Russie », a ensuite enchaîné Volodymyr Zelensky, dans un message diffusé sur son compte X, dimanche 12 janvier. Pour ceux « qui ne souhaitent pas rentrer (dans leur pays), il pourrait y avoir d’autres options possibles », a-t-il ajouté, avant d’annoncer que les soldats souhaitant s’exprimer « raconteront en coréen la vérité sur cette guerre auront cette opportunité ». Le président ukrainien s’est notamment déclaré favorable à ce qu’une rencontre avec des journalistes soit organisée dans un futur proche.

Ces annonces confirment que le travail conjoint entre les services de renseignement ukrainiens et sud-coréens prend de l’ampleur. Au-delà de l’expertise des seconds sur la question nord-coréenne, les deux pays semblent déterminés à mettre en lumière l’alliance qui lie Moscou et Pyongyang. Et ce, alors que la Russie et la Corée du Nord ne reconnaissent pas à ce jour le déploiement de soldats nord-coréens en Ukraine. Kiev, comme les États-Unis et la Corée du Sud, accusent Pyongyang d’avoir envoyé plus de 10 000 soldats issus de leurs rangs pour aider les forces russes dans leur invasion.

« Environ 300 morts et 2 700 blessés »

Qualifiés de « chair à canon » par Séoul, ces soldats essuient de nombreuses pertes, d’après les premières estimations. Les services de renseignement sud-coréens « indiquent que le nombre de victimes dans les rangs des forces nord-coréennes a dépassé 3 000, avec environ 300 morts et 2 700 blessés », a ainsi déclaré le député Lee Seong-kweun lors d’une conférence de presse organisée ce lundi 13 janvier, après un briefing du service de renseignement sud-coréen. En décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait dit que près de 3 000 soldats nord-coréens avaient été « tués ou blessés » sur place, tandis que Séoul avançait alors le chiffre de 1 000.

Le député sud-coréen en a profité pour interpeller Donald Trump. Selon ce dernier, le président républicain – qui a rencontré le dirigeant Kim Jong Un au cours de son premier mandat, en 2018 – « pourrait pousser pour le dialogue (…) une nouvelle fois » avec la Corée du Nord.

D’après Lee Seong-kweun, des mémos récupérés sur des cadavres révèlent que la Corée du Nord se sert des « espoirs des soldats de rejoindre le Parti des travailleurs », au pouvoir en Corée du Nord ou « de bénéficier d’une amnistie » pour les envoyer au combat, suggérant que certains pourraient être des prisonniers dans leur pays. « Des notes retrouvées sur des soldats morts indiquent que les autorités nord-coréennes ont fait pression sur eux pour qu’ils se suicident », y compris en se faisant « exploser avant la capture », a poursuivi l’élu, membre de la commission du renseignement au Parlement sud-coréen.

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